400 ans de la naissance de Molière obligent, nos expositions In Real Life de la semaine célèbrent notre auteur national et son enfant chéri, la Comédie Française au travers de deux thématiques complémentaires malgré les apparences : Molière, la fabrique d’une gloire nationale et Comédie-Française et cinéma, aller-retour.
Molière, la fabrique d’une gloire nationale – Espace Richaud – Versailles
Notre première étape, intitulée Molière, la fabrique d’une gloire nationale, se trouve donc à Versailles, à quelques pas du château du Roi Soleil, dont Molière orchestrait les divertissements aux côtés de Lully. Installé dans l’ancien hôpital royal, l’espace Richaud dissèque sur deux étages comment Jean-Baptiste Poquelin est devenu un mythe littéraire fécond et le porte-drapeau de la culture française à l’international.
Du saltimbanque au favori, du petit acteur au grand homme, nous découvrons comment la légende a progressivement été forgée, déformant au passage l’Histoire pour magnifier un héritage que tous les régimes politiques, monarchie, empire et république, vont s’approprier. Tandis qu’il s’infiltre dans les manuels scolaires pour incarner la langue française classique, Molière pénètre la modernité, le cinéma et le multimédia via le travail de metteurs en scène visionnaires qui revisitent le mythe.
Surprenante, Molière, la fabrique d’une gloire nationaleévoque par ailleurs, l’aura de Molière en Asie et en Afrique. Il devait y servir le « projet colonial de civilisation », il sera récupéré et adapté par les auteurs autochtones dans un grand élan d’affirmation culturelle. Preuve de son universalité et de son caractère libertaire ? De toute évidence, Molière n’en finit plus d’inspirer les artistes au fil du temps, en dépit des frontières. Plus qu’une gloire nationale, un auteur universel !
Comédie-Française et cinéma, aller-retour – Fondation Jérôme Seydoux-Pathé – Paris
Changement de lieu et de décor : à Paris, la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé propose l’exposition Comédie-Française et cinéma, aller-retour. Ou comment la maison de Molière, fondée en 1680, a jeté son dévolu sur l’invention des frères Lumière dès 1908 pour en faire une longue et prolifique histoire d’amour qui a beaucoup fait pour la renommée de cette institution… et de son illustre fondateur.
Car c’est l’esprit de Molière que chaque acteur de la troupe porte en lui, c’est son exigence, son héritage qu’il partage à l’écran depuis plus d’un siècle. Le parcours se séquence en trois temps significatifs :
1908 : le théâtre s’invite au cinéma… et immortalise Sarah Bernhardt ou Coquelin. D’autres grands suivront à la faveur de partenariats et de tournages prestigieux dont L’Assassinat du duc de Guise, avec à la clé la joie créative de tout inventer, jeu, musique, répertoire…
1929 : Deux mondes en concurrence – le parlant chamboule l’équilibre, le cinéma rivalise désormais avec le théâtre. Les stars de la Comédie-Française se font plus rares sur les écrans, mais une nouvelle génération d’acteurs se taille un nom devant la caméra. Par ailleurs, on commence à filmer le théâtre en direct, dixit le succès de Une Soirée à la Comédie Française tourné en 1934 et qui va permettre au théâtre de diffuser son travail par delà les campagnes.
De 1950 à aujourd’hui : réconciliation ? Le prestige des acteurs « de la Comédie française » rejaillit sur les films où ces derniers tournent. À l’inverse, de grands réalisateurs s’invitent dans la maison de Molière pour mettre en scène les chefs-d’œuvre du répertoire – Lorenzaccio par Zefirelli – ou adapter à la scène les incontournables du 7ᵉ art (Les Damnés de Visconti par Ivo Van Hove.
L’exposition explore ces trois axes avec force documents, costumes, extraits de films, maquettes… Un voyage passionnant qui confirme que Molière au fil des siècles est devenu une référence absolue.
Et plus si affinités
N’hésitez pas à consulter les albums photos des expositions Molière, la fabrique d’une gloire nationale et Comédie-Française et cinéma, aller-retour.