Deux expositions sinon rien, in real life avec un périple entre Paris et Chantilly pour évoquer la disparition de la peine de mort et l’émergence du reportage de guerre.
Un combat capital – Panthéon
Il y a 40 ans, l’avocat Robert Badinter, alors garde des Sceaux, a eu la peau de la peine de mort. Son discours, prononcé à l’Assemblée nationale le 17 septembre 1981 dans un silence historique, a scellé le sort d’une pratique séculaire barbare ; c’est depuis devenu un texte incontournable de notre culture démocratique, un temps fort de l’Histoire de notre pays. Mais le combat fut rude avant d’en arriver à cette date.
C’est ce combat mené des siècles durant que l’exposition Un combat capital retrace. Hugo, Jaurès, Camus, Voltaire avant eux, ils furent nombreux à dénoncer cette iniquité. La marche vers l’abolition prit du temps, se fit à pas comptés, en fonction des régimes en place, avec les lentes mutations de l’opinion publique. Lettres, articles de presse, décrets, vidéos, l’exposition installée sous la coupole du Panthéon décrypte les arcanes de ce combat idéologique et sociétal.
Aux origines du reportage de guerre – Musée Condé – Château de Chantilly
Rallions maintenant le château de Chantilly pour assister aux origines du reportage de guerre. L’exposition évoque les clichés pris par le photographe anglais Robert Fenton pendant la guerre de Crimée. Nous sommes en 1855, la reine Victoria intime l’ordre à Fenton d’aller documenter le siège de Sébastopol, où les troupes françaises, britanniques et piémontaises épaulent leur allié ottoman contre la Russie. C’est un conflit aussi sanglant qu’impopulaire. Avec son camion photographique, Fenton observe.
Il revient très éprouvé, après avoir assisté à la mort de plusieurs camarades, à des combats d’une rare brutalité. Il a vécu le quotidien de soldats affamés, épuisés, sales, malades. Mais ses images n’en témoignent guère. C’est la première fois dans l’histoire qu’on photographie une guerre, mais c’est une version édulcorée, sans cadavres ni affrontements, que les différents journalistes ramènent. Les clichés de Fenton, ainsi que son récit, vont néanmoins passionner les foules, intervenir dans les tractations diplomatiques, inaugurant ainsi un règne de l’image oscillant entre vérité et propagande.