M for Montreal, FME, semaine du Cinéma du Québec à Paris, Xavier Dolan, Carole Laure, David Altmedj, Laurent Lévesque, Compagnie des 7 doigts de la main, … ce n’est pas la première fois que nous parlons des fruits de la culture québecoise dans ces colonnes. Et toujours en bien … Aussi le parachutage du festival Chromatic à Paris début avril 2015 en cloture de la semaine a-t-il immédiatement retenu notre attention.
Chromatic 2014 – Habitat from massivart on Vimeo.
C’est qu’en quatre ans d’existence, Chromatic a su s’imposer dans le paysage culturel montréalais. Initié en 2010 par l’agence MASSIVart spécialisée dans la mise en exergue innovante de l’expérience créative, le festival qui va connaître sa sixième édition en mai, repose sur le principe de transversalité. S’y rencontrent artistes visuels, musiciens, DJ, plasticiens, vidéastes, qui partagent leur art et leurs œuvres avec le public dans une ambiance évidente de détente.
Ambiance que nous retrouvons dés notre arrivée au coeur de la première édition parisienne qui se déroule sur plusieurs niveaux de la Cité de la Mode et du Design. Voici déjà deux jours que la fête bat son plein avec la Nuit Chromatic le jeudi 2 avril ou la Block Party Chromatic le vendredi : s’y produisaient des musiciens canadiens et français parmi lesquels, outre Teki Latex, Rendez-vous, Gordon (dont nous vous avons déjà parlé), The Posterz, Lexis, DJAY BS, La Seleçao, Lexis, Vilify.
Hip hop, house, pop, electro, le brassage des genres permet d’offrir une programmation éclectique dont on retrouve l’esprit dans le Piknik Electronik organisé le samedi après midi, même si l’event évoque ici plus une ambiance berlinoise. C’est sur le toit des Docks que mixent des producteurs allemands, néerlandais ou français, l’excellent Sascha Funke, Coma, Weval, Patrice Baumel, Elliot Litrowski, tandis que l’audience s’éclate en sirotant des bières, n’hésitant pas à s’évader un instant pour visiter les Puces ou l’exposition Colors.
La aussi le principe est le même : opérer la corrélation entre des créatifs canadiens et français. Peinture et gravure, installation, photographie, vidéo, les supports sont multiples, les sources d’inspiration diverses, les surprises nombreuses. On retiendra la très grande richesse offerte par la thématique générale du parcours, le questionnement du chromatique. La mise en regard des œuvres exhibées donne un aperçu assez frappant de l’imaginaire à l’oeuvre, commune aux deux cultures. Avec un peu plus de 90 artistes représentés, le tour d’horizon est suffisamment éclairant, ouvrant sur des émotions plurielles qu’on découvre dans une atmosphère tranquille et ludique.
L’expérience est concluante, car elle illustre une forme poussée de transversalité qui aligne installation, performance, concert, édition, happening dans le prolongement du monde de l’entreprise et de la communication. L’hybridation de ces domaines en un tout est assez rafraîchissant car elle fait céder des cloisonnements rétrogrades et pour le moins stériles. On retrouve ici une logique similaire à celle qui oriente la démarche de la Vitrine AM. Nous sommes dans l’expérimentation et la présence du Campus Fonderie de l’image au coeur des Puces confirme cette donne assumée comme une réalité désormais incontournable : l’art est et sera mutant. La manière de le mettre en valeur aux yeux du public doit s’adapter en conséquence.
Album photos Facebook : Benjamin Getenet / Delphine Neimon
Et plus si affinités