« Cette année encore, la scène Zebrock de la Fête de l’Humanité rime avec inventivité et audace et fait se rencontrer références, révélations et jeunes pousses ! »
Dossier de presse sans ambiguïté : dans l’ensemble des scènes présentées sur l’event, Zebrock est officiellement associée à l’émergence des talents. No One is Innoncent fait figure de valeur sûre au même titre que le bluesman Dick Annegarn. Mais l’affiche comporte aussi Le Larron, La Demoiselle Inconnue, Jône, … des figures montantes portées là par l’association Zebrock. Le tout produit sur une scène impressionnante, du très gros volume et un degré de technicité digne d’un festival pro d’envergure internationale.
Il n’en fallait pas plus pour que je désire rencontrer l’un des responsables. A peine sortie de mon entretien avec Kemar des No one, je rencontre Marie Bihan, chargée de com’ de l’asso. Un petit bout de nana qui arrive avec sa guitare sur le dos et ses convictions chevillées au cœur. Une voix douce, un temps de réflexion à chaque question, un discours pensé, élaboré et construit pour une démarche qui tient à la fois de l’esthétique et du pédagogique. Et un regard très nuancé sur la notion d’engagement.
Entretien.
Qui êtes-vous ? Que faites vous sur la fête de l’Huma ?
Je suis Marie Bihan, chargée de communication pour Zebrock – Chroma. C’est une association d’action culturelle qui travaille en Seine Saint Denis et en Ile de France. Pour la huitième année consécutive, nous avons une scène à la Fête de l’Huma où nous présentons des jeunes artistes que nous accompagnons toute l’année, mais aussi des révélations comme Mokaiesh et La demoiselle inconnue ou des références comme Dick Annegarn. Nous essayons de faire la part belle à toutes les musiques, des projets qui nous tiennent à cœur, des artistes engageants engagés. Le terme engagé est un peu galvaudé quand on parle d’artistes en France. Ce sont des artistes engageants dont les projets nous ont séduits et séduisent le public qui vient ici pour voir tous les concerts, pour ce qui s’y passe, l’échange, le dialogue, le partage. C’est l’occasion de proposer autre chose, de montrer la création telle qu’elle est aujourd’hui.
Vous parlez d’artistes engagés engageants, de l’engagement comme un terme galvaudé. Pour vous un artiste engagé, ça représente quoi ?
Pour moi, les textes ne sont pas l’unique forme d’engagement. C’est un tout. Dans le milieu de la musique tel qu’on le voit actuellement, il y a beaucoup de modifications qui ont fait qu’on ne sait plus très bien quelle est la part de l’artiste, de l’argent, de l’industrie. Pour moi un artiste engagé va rester fidèle à son projet, va rester dans un partage de ce qu’il produit. Ce n’est pas uniquement politique. Il y a bien sûr des artistes qui ont un véritable engagement politique. Après pour moi, un artiste engagé va connaître sa place et la garder en restant dans un rapport de générosité et de simplicité.
Pourquoi la présence de la musique et d’une scène comme celle de Zebrock au sein d’un évènement aussi politisé ? Quel est le lien entre présence de la musique et discours politique ?
En fait à Zebrock, nous intervenons toute l’année dans les collèges, en accompagnant des jeunes groupes, en travaillant sur la mémoire musicale du département, nous sommes très actifs, et pour nous la musique est partout. C’est une porte d’entrée vers la culture, la découverte de quelque chose de différent, un effort intellectuel que l’on retrouve ici au niveau des conférences, des débats, le village du livre, cette importance de l’ouverture à la culture, à la connaissance, au savoir en ce qu’elle créée de lien social.
Vous avez quelques têtes d’affiche. Comment faites-vous pour les faire venir ?
Comme tout concert classique. Il est important que chacun soit payé à sa juste valeur. Nous ne sommes pas sur un terrain concurrentiel des festivals. Nous ne sommes pas dans un contexte de festival. Les artistes qui viennent sur la scène Zebrock et à la Fête de l’Humanité ne viennent pas comme sur un autre festival. Nous sommes dans un autre rapport avec eux.
Pour les jeunes artistes que vous portez, le fait de passer à la Fête de L’humanité va-t-il constituer un tremplin ?
Si on résumait la carrière d’un artiste à une scène, ça serait bien réducteur. Un parcours d’artiste est jalonné d’étapes, d’épreuves, de réjouissances. Bien sûr pour certains, comme les groupes du grand Zebrock que nous accompagnons, c’est en effet une première grosse scène avec tout ce que ça implique derrière puisque nous avons un partenariat avec la Radio France bleue donc toute une série de promotions, il y a cet entourage médiatique qui pour eux est important puisque ça leur permet de se frotter à ce jeu. Nous avons un public fidèle à la scène Zebrock qui attend chaque année d’écouter, de regarder. Mais ce qui nous importe, c’est ce que ça va créer chez eux, pas l’effet médiatique.
Année 2012 : pensez-vous que l’art va jouer un rôle dans la campagne présidentielle et si oui comment ?
On aura toujours besoin des artistes, c’est évident. Après, la place accordée à l’art sous toutes ses formes est absente des débats et c’est bien dommage. On se targue d’être un pays à exception culturelle française et malheureusement la culture est un peu absente. Attendons de voir ce qui va se passer par la suite. Les présidentielles sont une élection française parmi tant d’autres. Zebrock travaille à l’échelon local de la culture, à la médiation. La réforme des collectivités territoriales a fait beaucoup de mal à ces intermédiaires qui créaient un lien culturel et social. C’est déjà bien compliqué en ce moment pour les associations. Attendons de voir ce qui va se dire. Pour les artistes, je ne pense pas qu’on puisse tout faire peser sur leurs épaules. C’est aux politiques d’agir.
Merci à Marie pour son temps et ses réponses.
Meric aux gentils vidéastes pour leur vidéos.
Et plus si affinités
Série Fête de L’Humanité 2011