Depuis le début des années 2000, à la manière du duo électro Daft Punk, le street-artist Banksy a fait de l’anonymat sa marque de fabrique. Avec pudeur, l’artiste met en avant la valeur de ses œuvres plutôt que la valeur de son identité. Et si l’artiste cache son visage, il cache d’autant plus ses véritables intentions. Il avait quelque peu choqué Bristol et certaines grandes villes en y parsemant des pochoirs de rats. Représentation surprenante de l’imperfection de notre société mais là encore, Banksy avance masqué, car on peut se demander si le choix du « rat », qui est l’anagramme du mot « art », pointant du doigt les aspects négatifs de notre société n’est qu’un heureux hasard.
Dans Faites le Mur ! – Exit through the gift shop, l’artiste laisse de côté son habituelle critique de notre société de consommation, pour narrer la courte mais riche histoire du Street-Art. Ce film n’est donc pas une autobiographie, ce n’est pas réellement un documentaire non plus, en réalité c’est une mosaïque de petits films qu’un homme a engrangés en suivant les pionniers du mouvement. Cet homme est français, il s’appelle Thierry Guetta et le film nous expose son passage de simple cameraman pour artistes en vogue en un artiste à part entière, M.BW, soit Mister Brainwash. Il fait partie du club très fermé des gens intimes de Banksy et c’est suite aux encouragements de ce dernier que l’homme s’est transformé en une idée, un concept, une sorte de personnification du mouvement Street-Art.
Ce film-documentaire ne se résume pas à une suite d’événements qui ont changé la vision du monde sur ce mouvement. Il dépasse de loin la simple exposition de faits, et pose les véritables questions concernant l’art moderne : Qu’est-ce que l’art ? En quoi une représentation graphique quelconque est, ou n’est pas, une œuvre d’art ? Y-a-t-il une morale à tout ça ? L’art n’est-il pas qu’une blague en somme ?
Si ce questionnement traverse le film en filigrane, une autre notion caractérise et intéresse particulièrement le réalisateur. La notion de surprise, de mystère. André Gide a dit : « L’art serait, malgré la plus parfaite explication, de réserver encore de la surprise. ». Et il semble que cette phrase corresponde parfaitement à Banksy, à son œuvre et à son film. Ce voile mystérieux gravite constamment autour de l’artiste et semble le placer au dessus du reste des artistes de la mouvance Street-art. Certes, Banksy est présent à l’écran mais en réalité seule son ombre est face à la caméra, visage caché, tout de noir vêtu, voix brouillée.
Il est l’âme du mouvement et tel un justicier, son identité doit rester secrète, pour mieux frapper de ses pochoirs et graffitis les murs de nos villes.
Et plus si affinités