Dalton Trumbo : hommage aux plumes de l’ombre

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Décidément la période de la Guerre froide n’en finit plus d’inspirer les réalisateurs. Dans les pas de La Liste Noire réalisée en 1991, Dalton Trumbo revient sur l’épisode particulièrement sordide du maccarthysme, mettant en exergue les ravages opérés au sein de l’industrie hollywoodienne, … et la manière dont certains artistes s’organisèrent pour échapper à la mise à mort sociale. Une fiction ? Non un biopic !

Ecriture clandestine

Dalton Trumbo fut l’un des scénaristes les plus talentueux, productifs et respectés de l’industrie cinématographique d’après guerre. On lui doit entre autres les intrigues de Vacances romaines, Spartacus, Johnny got his gun (adaptation à l’écran d’un roman dont il fut par ailleurs l’auteur), … tous des chefs d’oeuvre récompensés. Seulement voilà, Dalton Trumbo est de gauche et ne s’en cache guère. A l’heure où l’URSS constitue l’ennemi à abattre, il ne fait pas bon afficher pareilles opinions.

Sommés de s’expliquer, le scénariste ainsi que plusieurs de ses collègues vont se défendre devant la commission des activités anti-américaines. Peine perdue, ils seront condamnés à la prison, puis bannis des studios … Trumbo décide alors d’organiser un véritable réseau d’écriture clandestine, permettant à chacun de continuer à vivre de sa plume dans l’anonymat. Résistance avérée de l’intellectuel qu’on ne peut faire taire et qui produit ses plus beaux écrits alors qu’on le croit définitivement à terre.

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Un cinéma de qualité

Le film réalisé par Jay Roach dépasse le récit biographique pour mettre à jour les rouages qui conduisent à cette ségrégation démente … et la réaction qu’elle entraîne chez les artistes. Car en bannissant ainsi auteurs, réalisateurs et acteurs de talents, Hollywood immanquablement s’appauvrit à la limite du suicide, laissant la médiocrité envahir les salles … que déserte le public. C’est ce refus de la platitude et de la mesquinerie qui prévaut.

Si les efforts désespérés de Trumbo pour survivre font la trame du film, on appréciera par ailleurs la tranquille confiance d’artistes comme Kirk Douglas ou Otto Preminger, qui ignorent résolument les grondements menaçants des ultras pour promouvoir l’écriture de Trumbo en dehors de toutes opinions politiques, faisant ainsi le choix d’un cinéma de qualité. A ce titre la séquence où King (truculent John Goodman), producteur de nanards qui a engagé Trumbo sous le manteau et pour pas cher, vire à coups de batte de baseball l’agent gouvernemental venu lui ordonner de licencier son auteur, est un vrai bonheur.

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Classique dans sa construction et sa photographie, le film met en exergue l’orchestration de cette résistance, incarnée par Trumbo ( excellent Bryan Cranston échappé de Breaking bad) en réponse à une censure dévastatrice que la critique Hedda Hopper (élégante et brutale Ellen Mirren) érige en intolérable propagande répressive. Hommage à l’un des grands noms du 7eme art, Dalton Trumbo rappelle par ailleurs que sans ces plumes de l’ombre, le film ne serait rien.

Et plus si affinités

Pour voir le film Dalton Trumbo suivez ce lien.

Delphine Neimon

Posted by Delphine Neimon

Fondatrice, directrice, rédactrice en chef et rédactrice sur le webmagazine The ARTchemists, Delphine Neimon est par ailleurs rédactrice professionnelle, consultante et formatrice en communication. Son dada : créer des blogs professionnels. Sur The ARTchemists, outre l'administratif et la gestion du quotidien, elle s'occupe de politique, de société, de théâtre.

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