Yves Montand aurait eu 100 ans cette année : l’occasion de se souvenir d’un artiste remarquable, chanteur de talent, comédien d’exception. Dans une filmographie conséquente marquée notamment par les collaborations avec les réalisateurs Costa-Gavras, Melville, Verneuil, Clouzot, Sautet, on note plusieurs comédies, dont La Folie des grandeurs de Oury, Le Sauvage de Rappenau ou ce petit bijou de marivaudage qu’est Le Diable par la queue.
Gags délicieux
Tourné par Philippe de Broca en 1969, Le Diable par la queue raconte avec force péripéties doublées de gags délicieux l’arrivée du très séduisant baron César (Yves Montand), en réalité un gangster en fuite après un braquage retentissant, dans un château transformé en hôtel par une famille d’aristocrates ruinés : la grand-mère, marquise de Coustines (Madeleine Renaud), sa fille Diane (Maria Schell), son gendre Georges (Jean Rochefort), leur fille Amélie (Marthe Keller) et sa cousine Jeanne (Clotilde Jouanno).
Scénario fou
Il se trouve que le clan Coustines n’en peut plus de vivre dans une demeure en ruine, abandonnée de clients dont il faudrait soutirer le cash au plus vite pour se refaire. Quand le fringant César débarque avec une mallette bourrée de billets de banque et la police à ses trousses, la marquise décide de lui soutirer son magot, quitte à l’expédier ad patres. Seulement voilà : on ne se débarrasse pas de César comme ça. Ce qui nous vaut 100 minutes de scénario complètement fou, où les situations cocasses et les répliques drolatiques s’enchaînent avec une aisance déconcertante.
Personnages décalés
En prime une galerie de personnages délicieux et décalés, Jean-Pierre Marielle en playboy, Claude Pieplu en vieux grincheux, Xavier Gélin en petit garagiste amoureux, Tanya Lopert en minette, Jacques Balutin et Pierre Tornade en braqueurs maladroits. L’ensemble forme une alchimie explosive, légère, insouciante, sur fond d’été et de campagne, avec l’odeur du foin, le bourdonnement des abeilles et Wagner en musique de fond. Un casting d’élite, une histoire savoureuse, un film comme on n’en fait plus, et c’est bien dommage.