Eté oblige, les festivals d’art lyrique déchaînent leurs progs et jouent la double carte du line up de qualité et de la mise en scène d’avant-garde. Nos dernières chroniques en la matière en témoignent, avec par exemple le Cosi Fan Tutte de Haneke, où quand un réalisateur prend en charge la direction d’un spectacle.
L’inverse est aussi jouable, et même si les cas d’adaptations cinématographiques d’opéras ne saturent pas le box office, on garde en mémoire des exemples célèbres et réussis, pour mémoire le Don Giovanni de Joseph Losey : une leçon de cinéma que ces trois heures de musique mozartienne mises en image par le réalisateur américain du très récompensé Le messager.
Les forces du film ?
Déjà la musique de Mozart, rien qu’à elle seule elle emplit l’espace, l’intrigue, le caractère des personnages, portés par des interprètes exceptionnels et l’occasion pour nous d’écouter et de voir jouer (oui jouer à l’égal d’acteur) des très grands noms du chant classique : Edda Moser, Kiri Te Kanawa, Teresa Berganza, Jose van Dam et l’incroyable Ruggiero Raimondi (on croirait le rôle taillé sur mesure pour lui).
Le travail de cadrages et de photographie vient rehausser ces interprétations, par un jeu de gros plans sur les regards, de plans larges sur les décors somptueux offerts par les villas de Vénétie. Venise et sa région apportent ici une dimension baroque, une élégance décadente qui sied au livret de Da Ponte, au raffinement de la musique de Mozart. Le tout prend vie par un ballet de costumes amples entre noir et blanc, couleurs manichéennes qui absorbent ou reflètent la lumière, et apportent l’éclat particulier des images.
Tourné en 1979, cette version de Don Giovanni a marqué les esprits par son esthétique. Elle demeure une référence lyrique et cinématographique.
Et plus si affinités