Se vider la tête, pourquoi pas ? Mais rêver à tort et à travers est-il une bonne chose ? C’est un peu le message du film Endiablé. Tourné en 2000, cette comédie signée Harold Ramis (à qui l’on doit par ailleurs un Jour sans fin), inspirée par Fantasmes de Stanley Donen, n’a rien perdu de son humour, de sa fantaisie, de son charme … ni de son bon sens.
Sept vœux contre une âme
Endiablé, donc, Bedazzled dans la langue de Shakespeare, nous conte les mésaventures d’Elliot Richards, trentenaire un peu maladroit, technicien mal intégré dans son entreprise, avec une vie sociale et amoureuse réduite à néant. Sa seule lumière : Alison qui travaille dans un autre service, qu’il adule en secret depuis des mois et ne sait pas trop comment aborder, vu qu’il n’a absolument pas confiance en lui. Heureusement, un allié inattendu se dévoile : le Diable en personne déboule dans sa minable existence pour la transformer en exauçant sept vœux. En échange ? Son âme.
Une tentation perpétuelle
Bien imprudemment, Elliot se jette sur cette offre inespérée, oubliant que le démon est initialement mensonge. Pourtant, il devrait se méfier. Le Malin se découvre à lui sous les traits de la somptueuse Elizabeth Hurley, scintillante comme un rubis dans d’aguichantes tenues rouge sang, faites de cuir et de fourrures … quand elle n’arbore pas des panoplies, d’infirmière, de professeure, de policière … ou un simple bikini rehaussé d’un serpent et d’une pomme. Bref une parfaite incarnation des fantasmes masculins les plus éculés … une tentation perpétuelle, et une présence réconfortante pour ce pauvre garçon isolé.
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Sauver son âme ?
Un brin candide, incapable de cerner l’hypocrisie du monde, Elliot n’a donc aucune chance. Richesse, célébrité, sensibilité, culture, force, chacun de ses vœux, assez basique au final, se révèle un piège, une catastrophe avec comme fil conducteur Alison qu’il n’arrive jamais à séduire … ses collègues de bureau transformés à chaque nouvelle requête, et cette magnifique diablesse qui se tord de rire devant tant de déconvenues. Question : Elliot s’échappera-t-il de cette situation ubuesque ? Arrivera-t-il à sauver son âme, à séduire Alison ? Evitera-t-il le sort funeste de Faust, dont il a bien imprudemment suivi le dangereux chemin ?
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Vous le saurez en regardant cette excellente comédie, servie par un Brenan Fraser ô combien attachant, qui passe d’une identité à l’autre comme un caméléon, sans rien perdre de sa naïveté ni de sa foi dans la vie. « Beware of your wishes, they will probably come true» disait l’auteur Edward Abbey, ce qu’on pourrait traduire par « Attention à vos vœux, ils pourraient devenir réalité ». Endiablé illustre avec beaucoup d’humour et pas mal de bon sens cette mise en garde d’une rare lucidité.
Et plus si affinités