« L’important, c’est de participer », disait un certain Pierre de Coubertin, qui ajoutait : « Chaque difficulté rencontrée doit être l’occasion d’un nouveau progrès », « voir loin, parler franc, agir ferme », « ce qui est olympique est universel » et 1000 autres petites citations qui illustrent l’esprit Coubertin inscrit au cœur même des J.O. Un enracinement qui donne du grain à moudre à Jérémie Sein dans sa fable L’esprit Coubertin.
Ironie et tendresse
Le réalisateur des séries Têtard et Parlement sait y faire quand il s’agit de nous faire rire et réfléchir à la fois, avec en ligne de mire une société moderne bouffée de contradictions, une jeunesse en quête de repères dans un monde impitoyable et cynique. Sorti en mai 2024 en amont donc des Jeux olympiques de Paris, L’esprit Coubertin reste fidèle à l’humour de son créateur, ironique et tendre à la fois, avec en prime une vision pour le moins mordante du grand cirque médiatique que représente cet événement international.
Le pitch ? À une semaine de la fin des JO, c’est la catastrophe pour l’équipe de France : pas une médaille au compteur, pas une. Les échecs s’enchaînent, et les organisateurs ne savent plus à quel saint se vouer pour remonter la pente. Ils miseront sur Paul « Le Shériff » Bosquet, champion du monde de tir, adulescent complexé et coincé, secrètement amoureux de sa coach. Son arrivée au village olympique prend vite des allures de cauchemar : entre égos exacerbés, pressions des dirigeants, pulsions sexuelles boostées par les prises d’hormones, ce Candide en puissance va avoir un mal fou à s’intégrer.
Une fable musclée
À partir de ce scénario déjanté, Jérémie Sein accouche d’une fable musclée qui dévoile les dessous d’une gigantesque farce sportive où les valeurs humanistes sont mises à mal, où l’implication de chacun cache des motivations peu avouables. Et une problématique : les J.O. peuvent-ils, doivent-ils être autre chose que politiques ? « On vient. On gagne. On s’en va », ce mantra que Paul ne cesse de répéter pour se concentrer, va petit à petit perdre tout son sens pour gagner une autre signification. Et c’est justement là l’intérêt du film.
Sans fioriture, le réalisateur comme son héros vont droit au but : le sport est toujours politique, un engagement, une manière de faire bouger les choses. A fortiori quand il fait événement. C’est l’un des enseignements que Paul retirera de ce parcours initiatique express qui va remettre en question pas mal de ses préjugés et des nôtres. Ce récit de 1 h 18, servi entre autres par Benjamin Voisin, Emmanuelle Bercot, Rivaldo Pawawi, Grégoire Ludig, Laura Felpin et Aure Atika, se laisse regarder avec beaucoup de plaisir tout en nous invitant à sortir des cadres et des idées reçues. Et cela fait énormément de bien.
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