Le XVIIIᵉ siècle, lumineux, sarcastique, drôle… libertin. Qui incarne mieux cet esprit rationnel, libertaire et subtil à la fois que la figure de Diderot, Denis de son prénom ? Oubliez un instant les portraits de l’époque qui nous montre l’auteur de La Religieuse écrivant en robe de chambre, un sourire complice aux lèvres. Et regardez d’urgence le film Le Libertin de Gabriel Aghion.
Diderot, le sourire aux lèvres
Soit Denis Diderot, toujours le sourire aux lèvres (celles, fort jolies et gourmandes du reste, de Vincent Perez) aux prises avec l’écriture pour le moins compliquée de l’article « Morale ». Et il en a, du fil à retordre, notre philosophe, pour accoucher du point d’orgue de cette bon dieu d’Encyclopédie. Encyclopédie qu’il convient d’éditer en cachette puisque l’entreprise est prohibée/pourchassée par les autorités.
Ayant trouvé refuge chez un baron de ses amis, Diderot profite de cette charmante et cocasse villégiature afin d’écrire un peu, mais surtout de vivre. À savoir manger, rire, multiplier les bons mots, folâtrer dans la campagne, s’amuser, séduire… Et tomber éperdument amoureux d’une farouche dessinatrice venue espionner le philosophe pour le compte des autorités ecclésiastes désireuses d’épingler le sacrilège.
Une folle journée digne d’un Figaro
Adaptation de la pièce d’Eric-Emmanuel Schmitt, le film Le Libertin d’Aghion est drôle, composé d’une galerie de personnages burlesques absolument savoureux : un baron amateur d’orgue à cochons, une comtesse en quête d’amoureuses caresses buccales, une baronne boulimique adepte des champignons hallucinogènes, un chevalier qui fait son coming-out dans les bras de deux pages et ainsi de suite.
Décidément, Diderot est bien entouré ! Sa traversée des jardins ensoleillés en tenue d’Adam alors qu’il poursuit sa femme pour lui prouver la justesse de l’infidélité, passe sans problème dans la trépidante ambiance de cette folle journée digne d’un Figaro. Quant au libertinage, de mœurs, de corps, de sensualité, il recoupe celui de l’esprit, en découle de source pour noter plus grande joie.
Que vous dire de plus sinon qu’en 1 h 40 ce film servi par des interprètes survoltés ( big up à Josiane Balasko qui aurait dû être primée pour ce rôle magistral) vous réconcilie avec les Lumières et vous donne envie de potasser l’encyclopédie de bout en bout ????? À voir donc pour apprendre et s’amuser !
Et plus si affinités