Monuments Men : le film de Georges Clooney relate une facette peu connue, mais essentielle de la Seconde Guerre Mondiale, à savoir l’action de la Commission Roberts, chargée par Roosevelt de retrouver et/ou protéger les œuvres d’art et le patrimoine culturel menacés par les nazis.
Une course-poursuite débridée
Quelque 350 hommes et femmes originaires de 13 pays furent mobilisés pour assurer ce vaste chantier, souvent au péril de leur vie, puisque, directeurs de musées, historiens, artistes ou restaurateurs, certains furent amenés à agir sur le terrain au cœur même des opérations militaires, dans une Europe bombardée en voie de libération.
Vaste épopée qui interroge la valeur de l’art et de la culture : le sauvetage d’un tableau de maître vaut-il une vie ? Oui, répondent ces hommes et ces femmes qui travaillèrent de toutes leurs forces et de toute leur passion à préserver ces chefs-d’œuvre qu’Hitler, vaincu, comptait bien détruire dans sa chute.
Le long métrage de Clooney ne peut restituer l’ampleur de cette aventure, aussi en rend-il partiellement compte au travers du parcours de 7 d’entre ces « monuments men », amenés à traquer les œuvres volées et cachées par les occupants. Une course-poursuite débridée pour contrer les désirs de destruction des fascistes et l’avidité des Soviétiques, désireux de faire main basse sur ces trésors.
La Femme au tableau : histoire exemplaire d’un combat justifié
Protéger la civilisation
Devant la caméra, un casting d’envergure : George Clooney, Matt Damon, Bill Murray, Jean Dujardin, John Goodman, Cate Blanchett, Hugh Bonneville, Bob Balaban, Dimitri Leonidas pour interpréter un scénario inégal, souvent drôle, quelquefois tragique, aux répliques parfois un peu trop plates. C’est qu’il est difficile de rendre compte dans son entière intensité de cette épopée qui aurait mérité une approche sérielle à la Band of Brothers.
Néanmoins, il convient de ne pas faire l’économie de ce film, car il se veut hommage autant que mémoire d’une mission de civilisation. On y retrouve les thématiques à l’œuvre dans les films Hannah Arendt et La voleuse de livres, qui questionnent le rôle de l’intellectuel et de la transmission du savoir dans ces périodes hostiles. Le fait est que le temps a ignoré les Monuments Men et leur combat considéré comme dérisoire en regard du bilan humain du conflit, atroce.
Protéger ces fruits de l’imagination et de la créativité de la sauvagerie barbare et de l’obscurantisme : avec ce sujet, Georges Clooney fait acte de mémoire. La chose est appréciable. De fait, ses acteurs ont su retranscrire la perte absolue que ressent tout humaniste devant la destruction d’une création artistique, cette fierté totale et humble d’avoir su soustraire à la bêtise fanatique des beautés absolues qui constituent le socle même de notre civilisation.