Victoria a la quarantaine, un job d’avocat qui lui bouffe la vie, mais dans lequel elle investit toute la passion qu’elle ne peut placer dans une relation, faute de mec à la hauteur. Ajoutons deux gamines adorables, mais survoltées par manque d’attention, un ex-compagnon doublé d’un auteur raté qui conquiert internet en narrant par le menu leur vie commune et les secrets pros qu’elle lui a confiés dans l’intimité. Plus un pote névrosé et limite pervers narcissique accusé par sa petite copine de l’avoir poignardée lors d’un mariage sous le regard de leur dalmatien. Voici les ingrédients du film Victoria de Justine Triet et ils ont tout pour être explosifs.
Heureusement, c’est une comédie…
Car on se doute bien que la battante Victoria va avoir beaucoup de mal à gérer tous ces paramètres pour le moins anxiogènes. Et nous la voyons 1 h 30 durant sombrer sous le tsunami d’emmerdements que ces messieurs-dames s’amusent à accumuler, infantiles, irresponsables et égocentriques qu’ils sont. Mais Victoria vaut-elle mieux ? Aveuglée par cette quête du bonheur qu’on nous impose à coup de magazines et d’émissions télé, elle court après le grand amour, et manque de le laisser passer alors qu’il est sous son nez, flirtant au passage avec la déchéance professionnelle. Heureusement, c’est une comédie, Victoria, comme son nom l’indique, sortira victorieuse de l’épreuve, mais en y laissant ces quelques plumes plombées dont il était temps qu’elle se débarrasse.
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Une frénésie de désirs mal identifiés
On pense à Bridget Jones bien sûr, l’humour britannique en moins, la subtilité hexagonale en plus. Ici le doux amer est de rigueur, la crise subie par l’héroïne fait rire, mais en demi-teinte, elle nous interpelle tous, c’est certain. Nous nous identifions, tous sexes confondus, avec cette belle fille aux yeux bouffis de larmes, perdue dans sa frénésie de désirs mal identifiés, alors que les choses pourraient au final être si simples. Virginie Efira incarne avec juste ce qu’il faut de délicatesse, de confiance en soi et de maladresse cette femme moderne en quête de quiétude. Pour la diriger, Justine Triet, déjà appréciée à la réal de La Bataille de Solférino, imprime plusieurs vitesses à sa narration, alternant montées de stress, instants de calme, pertes de contrôle, lentes dépressions et crises de rire.
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Des questions plein la tête
Ces débrayages continus, soutenus par une B.O. particulièrement bien choisie, sont impulsés par les éléments masculins qui émaillent ce panorama féminin, Melville Poupaud parfait en adepte des relations amoureuses orageuses et destructrices, Vincent Lacoste qui, sous ses airs de naïveté adolescente, constitue le socle véritable, la valeur sûre manquant à cette vie de femme pour qu’elle en comprenne le sens profond. On ressort de ce récit des temps modernes avec le cœur qui bat, un sourire aux lèvres, les yeux brillants, et des questions plein la tête sur ce qu’il convient de faire pour atteindre la félicité.
Et plus si affinités