Juin 2016 : avec le coup d’envoi de l’Euro, les amateurs de football sont sur la brèche. Un peu d’Histoire s’impose pour rappeler que la balle au pied a un passé, souvent plus prestigieux qu’on ne le pense. Dixit Le Football florentin de Horst Bredekamp.
Une antiquaille diront certains, le livre datant de 1995, une référence diront d’autres, qui ciblent la qualité de l’analyse historique et sa portée sociologique. C’est que Bredekamp se focalise ici sur le calcio tel qu’on le jouait dans la Florence des Médicis. Du reste son ouvrage est sous titré « Les jeux et le pouvoir à la Renaissance ».
En effet, ce sport servait alors à la fois de ciment entre les quartiers, entre les riches et les pauvres, entre les gouvernants et les gouvernés. Une soupape de sécurité qui harmonisait les rapports sociaux, en donnant le sentiment éphémère de l’égalité par la force et la virilité. Extrêmement encadré, d’une grande violence le calcio opérait une sorte de synthèse entre le foot et le rugby, pour assurer la paix entre les communautés.
S’appuyant sur des documents d’époque, gravures, témoignages, architecture, … l’auteur analyse avec pertinence les codes d’un spectacle qui dépasse le cadre du simple loisir pour véhiculer un message politique fort. Du pain et des jeux ? Il s’agit de divertir dans tous les sens du terme, c’est sûr mais tout en acceptant le temps d’un match que la loi du plus fort physiquement prime, en dehors de la puissance financière et aristocratique.
Un placebo ? Machiavel aurait apprécié la manœuvre. Au final le calcio tel qu’il était institué n’est-il pas très très proche du football moderne et des enjeux qu’il véhicule ? A méditer.