French Cancan : quand Renoir raconte la naissance du Moulin Rouge

Oyez, oyez, braves lecteurs en quête d’émotions cinématographiques. Dans le sillage de notre dossier consacré à Paris sous le Second Empire / Offenbach / le cancan, nous vous proposons un arrêt obligatoire (mais loin d’être désagréable) par la case French Cancan. Le chef-d’œuvre de Jean Renoir a beau dater de 1954, il s’avère indémodable, pour ne pas dire d’une modernité confondante. Une authentique déclaration d’amour au spectacle, à la fête, et à ce bon vieux Paris canaille qu’on adore tous !

L’aventure du Moulin Rouge

Avec French Cancan, Renoir nous entraîne dans l’univers bouillonnant de la Belle Époque. La butte Montmartre, ses petites blanchisseuses, ses ouvriers, ses cabarets où l’on danse le chahut. Un entrepreneur du spectacle, Henri Danglard (Jean Gabin, impérial) a dans l’idée d’ouvrir une nouvelle salle de spectacle où remettre à la mode le cancan. La salle s’appellera le Moulin Rouge, la danse sera rebaptisée le french cancan ; les deux vont devenir mythiques, absolument indissociables de Paris, son esprit même. Jupons en folie, figures renversantes, musique démentielle, on connaît le résultat, légendaire. Mais l’aventure du Moulin Rouge, elle, qu’en est-il ?

Magicien dans l’âme, Renoir raconte cette genèse pour le moins compliquée, entre manque de fric, recrutement d’une troupe, rivalités amoureuses. Décors magnifiques, costumes somptueux, le réalisateur nous fait voyager dans un Paris aussi vibrant qu’un bal populaire. Les couleurs pétaradent à l’écran ; Renoir, comme son père le célèbre peintre, a l’œil pour capter les détails qui font mouche. Chaque plan est un tableau vivant, un hommage à la peinture impressionniste. C’est un vrai bonheur pour les pupilles, une fête pour les sens.

Un vent de liberté

Et puis il y a l’émotion, du rire, des larmes, de la séduction, et surtout une énergie folle, incarnée, entre autres, par l’irrésistible Françoise Arnoul qui joue Nini, une petite blanchisseuse appelée à devenir la star du cancan. Les passages chantés et dansés sont fabuleux, le final, un escadron de 16 danseuses frénétiques lâchées dans un parterre de messieurs en frac surexcités, marquera pour longtemps les esprits par sa chorégraphie sans faille, son dynamisme tempétueux.

C’est tout l’esprit frondeur du Paris d’alors qui s’exprime. Ces donzelles mignonnes comme tout qui lancent des coups de pied dans l’air avec un art consommé et une technique rigoureuse, c’est un pied-de-nez aux conventions, un vent de liberté qui souffle dans les jupons et les cœurs. Renoir transmet ici la force, la sensualité et l’insouciance d’une époque, sa poésie également. Les références sont nombreuses aux artistes, chanteurs, peintres, contemporains de ces années folles avant l’heure. Le scénario signé Renoir et J.P. Antoine est animé de dialogues vivants, rythmés, où le langage populaire se mêle aux mots d’esprit, aux tournures poétiques.

Alchimie de la simplicité, élan du cœur, vent de folie de la créativité, déclaration d’amour au monde du spectacle : ce film est une ode à la joie de vivre, à l’audace, dans un Paris où tout est possible, un Paris où le rêve et la réalité se mêlent dans un tourbillon de couleurs et de musique. En bref, si vous n’avez pas encore vu French Cancan, foncez. C’est du grand grand grand cinéma, un bijou du 7ᵉ art qui a traversé les âges sans perdre une ride. Un film qui fait du bien, qui vous met des étoiles plein les yeux !

Et plus si affinités ?

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Delphine Neimon

Posted by Delphine Neimon

Fondatrice, directrice, rédactrice en chef et rédactrice sur le webmagazine The ARTchemists, Delphine Neimon est par ailleurs rédactrice professionnelle, consultante et formatrice en communication. Son dada : créer des blogs professionnels. Sur The ARTchemists, outre l'administratif et la gestion du quotidien, elle s'occupe de politique, de société, de théâtre.

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