Décidément le croisement série TV / biopic a le vent en poupe. Après le magnifique Feud 1 consacré au légendaire crêpage de chignon entre Joan Crawford et Bette Davis, portons notre attention sur Genius qui détaille par le menu l’ascension d’un certain Albert Einstein.
Propulsée par National Geographic, la série revient en dix épisodes sur l’existence du physicien, depuis ses jeunes années d’étudiant incompris jusqu’à son avènement scientifique et son départ aux USA. Le tous s’étale sur la première moitié du XXeme siècle, entre découvertes notoires, progrès industriels, montée des intolérances, mutations politiques majeures et guerres mondiales.
Pas évident pour un surdoué de la trempe d’Einstein de s’y retrouver d’autant plus que sa vie personnelle est un chaos permanent, pour ce garçon qui assume mal les responsabilités de la vie maritale et parentale. De femme en femme, c’est finalement la Physique qui s’impose comme une maîtresse exigeante, fascinante, impérieuse. Parce qu’elle est perception décalée et sublimée des mystères du monde.
Le reste ne compte pas, Einstein n’en a cure, et c’est bien ce côté qui frappe l’esprit du spectateur. Inspiré de la biographie Einstein – La vie d’un génie de Walter Isaacson, la série initialement pilotée par le réalisateur Ron Howard revient régulièrement sur ce regard si particulier, cette capacité exceptionnelle du visionnaire qui se projette par l’esprit dans des dimensions impossibles à imaginer pour le commun des mortels.
« Fermez les yeux et imaginez … » En débutant ainsi ses démonstrations comme plus tard ses cours, Einstein développe par ailleurs une pédagogie qui tranche avec les méthodes de son temps, là aussi les épisodes montrent cette analyse en gestation, comment doucement il met en place ce système de pensée, les fulgurances qui le font avancer vers la lumière de la compréhension. On saisit mieux l’impact qu’il eut sur les scientifiques modernes, le statut de star qu’il réussit à atteindre … et ses difficultés d’intégration.
Juif, génial et libertaire : impossible de demeurer dans une Allemagne en proie au nazisme, délicat de prendre les armes quand on se veut pacifiste … le positionnement politique et l’engagement du physicien est également posé, ce moment où il faut prendre parti, et se battre … D’aucuns trouveront Genius surfait et pompeux, mais la série a le mérite de mettre en lumière les facettes divergentes de ce phénomène intellectuel pour rappeler que ce fut aussi et surtout un être humain.
Et plus si affinités