Quand un grand film accouche d’une série = catastrophe en vue ? Pas avec Guy Ritchie. Le réalisateur de Snatch, Sherlock Holmes et autres Arnaques, crimes et botanique, en déclinant l’univers cinématographique du très appréciable The Gentlemen selon la grammaire sérielle, s’offre une plongée particulièrement jubilatoire dans cet underground mafieux british qu’il affectionne tant. Cela nous vaut 8 épisodes d’un récit survolté où la vieille aristocratie anglaise revient aux fondamentaux de son ascension : des méthodes de truands.
Ducs 100 % british vs pègre londonienne
Le pitch ? Eddie Horniman est le digne rejeton d’une longue lignée de ducs 100 % british. Officier dans l’armée, il est rappelé séance tenante de sa mission de casque bleu quelque part vers la Turquie pour reprendre le flambeau d’un titre et d’une terre que Papa a su rentabiliser de manière subtile avant de casser sa pipe : en accueillant sur le domaine une des fermes de beuh cultivée par le très respecté, car redoutable clan Glass.
Seulement voilà : Papa étant décédé, c’est à Eddie, son puîné, qu’il confie l’héritage et les problèmes qui vont avec, notamment, la gestion de l’aîné Freddy, infernal rejeton qui cumule les emmerdes et les conneries. Une des multiples facettes du bordel dont Eddie va tenter de reprendre les rênes, avec une certaine maestria, mais aussi son lot de périlleux rebondissements. Il faut dire que les différents spécimens de la pègre londonienne qu’il vient à croiser ne sont guère des enfants de chœur, surtout quand, à la clé, il y a l’empire des Glass à conquérir.
Humour et flaques de sang
Question : qui gagnera ce juteux cocotier ? Vous le saurez en visionnant, probablement en mode bingewatching tellement la série est accrocheuse, les huit épisodes de The Gentlemen. épisodes aux titres prometteurs :
- Raffinement et agressivité
- Tackle Tommy woo woo
- Ma beuh, où elle est ?
- Un homme antipathique
- J’ai des centaines de cousins
- Toute éventualité
- Non sans péril
- L’Évangile selon Bobby Glass
Mélangeant avec délectation et une verve au top de sa forme les univers de The Gentlemen, Snatch et Rocknrolla, Ritchie s’offre le luxe d’une galerie de personnages détonants où ces dames s’affirment, à coup de machette au besoin. L’humour est au rendez-vous, les situations rocambolesques et les flaques de sang aussi. Un certain sens de l’intrigue et du sac de nœuds, de la trahison d’alliances foireuses où chacun cherche à égorger l’autre, le sourire aux lèvres et avec élégance, car après tout, nous parlons ici de gentlemen.
Downtown Abbey sous acide
Le tout évoque un Downtown Abbey sous acide, les romans de Thom Sharpe sous perfusion cocaïnée. Avec son ironie coutumière, son sens du tempo et de la bande son qui remue les tripes, Ritchie se fait clairement plaisir, profitant du format long offert par la série pour s’amuser à camper des personnages forts en gueule, des caractères retors, des ambitions plus que douteuses. Avec des moments de grâce bien évidemment : une danse du poulet qui mériterait d’être primée, une exploration de la Hitler mania assez surprenante, Vinnie Jones touchant en vieux garde chasse plein de sagesse, de malice…
Autour de l’acteur fétiche de Ritchie, Theo James, Kaya Scodelario, Daniel Ings, Joely Richardson, Ray Winstone, Giancarlo Esposito, Chanel Cresswell, Michael Vu, Freddie Fox, sans compter tous les auters, un casting au charisme en béton armé qui s’éclate visiblement à rebondir d’une situation merdique à une autre avec une aisance remarquable et un sens de l’autodérision savoureux. Petit plus : les belles bagnoles à la pelle et l’élégance vestimentaires de ces messieurs. En résumé et pour conclure, The Gentlemen version série se laisse regarder comme on savourerait un excellent whisky. Un plaisir à ne pas bouder.
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