Le thriller de Jordan Peele fait actuellement grand bruit. Comment ne pas, à son propos, faire référence au documentaire de Raoul Peck consacré à l’écrivain James Baldwin, qui rappelle avec émotion et énergie la lutte des populations noires américaines pour obtenir leur émancipation et leur reconnaissance ? Car qu’on le veuille ou non, Get out en constitue le pendant démentiel certes, mais pas si outrancier, mettant en application dans l’urgence et avec rage la célèbre citation.
« I am not your negro » ; jeune photographe à succès, intégré, reconnu, riche, Chris Washington, sans être totalement aveugle sur la condition des afro-américains, pensait ne plus jamais avoir à s’imposer de cette façon, à lutter pour préserver sa vie. Il ne va pourtant guère avoir le choix, lorsqu’il découvre sa belle-famille, nichée dans une propriété isolée de l’Amérique profonde.
C’est qu’il se passe des choses étranges chez les parents de son aimée, un neurochirurgien et une psychiatre reconnus mais au comportement parfois décalé sous leur apparente gentillesse. Doucement, de petite phrase assassine en détail scabreux, Chris voit son week-end glisser vers la folie, tandis qu’il découvre l’horrible vérité qu’entretient ce clan aux allures sectaires. N’en disons pas plus, mais la chute va être rude, et Chris n’aura d’autre choix que de se battre pour sauver sa peau, visiblement très convoitée.
Choisissant la simplicité, Peele tisse ici une fable particulièrement mordante sur le racisme et ses dérives. La fascination des blancs pour les noirs, les fantasmes les plus stupides sont mis en exergue, justifiant un nouveau type d’esclavage des plus répugnants, avec en prime le sentiment d’une légitimité qui excuse tout scrupule. On retrouve avec ces images les grandes heures de La Quatrième dimension et des Weird Tales, dans le caractère atroce et surréaliste du sujet, la rapidité narrative, la construction du scénario, la montée à la prise de conscience, le basculement fulgurant, doublés tout du long par un cynisme qui affleure.
On pense par ailleurs à un autre monument du genre : en 1969 déjà Georges Romero plaçait un héros noir au centre de l’intrigue de La Nuit des morts vivants, pour mieux cibler et critiquer les discriminations subies par cette communauté, alors qu’elle combattait pour sa reconnaissance. Get out s’inscrirait dans une logique similaire, dans une Amérique rétrograde qui multiplie les meurtres racistes, liquide l’Obama Care et ferme toutes les possibilités d’évolution à destination des plus précaires. A croire que la lutte n’en finira jamais de recommencer.
Et plus si affinités
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