Le roman Une Chanson douce s’est peut être retrouvé sous votre sapin en ces périodes de Noël. En effet, offrir le Goncourt de l’année en cours n’est pas d’une grande originalité mais cela fait toujours son effet. Vous aurez l’air intello et dans l’air du temps. De plus, grande nouvelle cette année, il se lit en quelques heures et vous captive dés les premières pages. Juste pour le plaisir, citons quelques uns de ses prédécesseurs : A l’ombre des jeunes filles en fleurs (Proust 1919), La condition humaine (Malraux 1933), Les Mandarins (Beauvoir 1954), L’Amant (Duras 1984), Le rocher de Tanios (Maalouf 1933), La carte et le territoire (Houellebecq 2010) …
Journaliste franco marocaine, Leila Slimani leur succède, obtenant la consécration littéraire à seulement 35 ans pour son deuxième roman. Passant son enfance à Rabat, elle étudie ensuite à Paris pour devenir reporter et écrivain. Son premier ouvrage publié en 2014, Dans le jardin de l’ogre, s était déjà fait remarqué en étant choisi dans les finalistes du prix de Flore.
L’histoire est simple et l’intrigue dénouée des les premières pages : deux enfants en bas âges sont assassinés par leur nourrice qui tente elle même de se suicider. Le reste du livre, non sans suspens, évoque comment on peut parvenir à un dénouement si tragique. À l’image d une tragédie classique ce n’est point la conclusion qui est intéressante mais bien les moyens d’y parvenir.
Après le choc des premières pages décrivant la scène de crime avec violence, le lecteur se retrouve chez monsieur et madame tout le monde avec leurs deux enfants à Paris. Ce couple confronté aux problèmes quotidiens de carrière, de garde d’enfants et de vie amoureuse voit en Louise la nouvelle nounou une solution parfaite. Cette fille solitaire et blessée par la vie s’implique plus que de raison dans la vie familiale sombrant même vers la psychose.
Ainsi l’ouvrage interroge les rôles de domination. Loin de vouloir exploiter leur babysitter, les parents se retrouvent malgré eux dans une nouvelle configuration familiale assez étrange. Le profil de cette fausse Mary Poppins n’est que très peu décrit et c’est au lecteur de comprendre ou de ne pas comprendre comment on peut commettre l’irréparable. Ce crime a presque des allures d’infanticide tant le rôle de nourrice/mère se confond.
Ainsi, Leila Slimani, nous offre un bel ouvrage marquant et sans prétention. Une Chanson douce fait partie de ces livres qu’on a envie de relire dés qu’on les a terminés. En effet quelque chose nous échappe toujours qu’on veut découvrir et redécouvrir au fil des pages, … la folie peut être ?
Et plus si affinités
http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Blanche/Chanson-douce