Jeudi soir, dernières copies corrigées, derniers oraux terminés, … nous célébrons la fin de l’année étudiante, lovés dans les chaleureux fauteuils du Buckingham Bar. Les cocktails sur mesure s’enchaînent, péché mignon de la barmaid Hélène, qui soudain, nous apporte trois de ses trouvailles. Procrastination, Hystérie et Perfidie envahissent notre table, breuvages aux patronymes surprenants, productions exquises de la marque H.Theoria.
H comme la lettre grecque Êta, qui symbole la passerelle entre la matière et l’esprit. Le beau projet que voilà, trois alcools pensés comme des parfums de prix par deux entreprenantes enchanteresses à l’imagination visiblement fertile. Jeunes encore mais déjà aguerries, Marlène diplômée de l’Institut Supérieur de la Parfumerie, de la Cosmétique et des Arômes Alimentaires et Camille issue de l’École des Hautes Études de Commerce unissent leurs savoir faire pour propulser ce projet depuis maintenant 6 ans, le qualifiant d’ « effrontément liqueur » …
On les sent volontaires, particulièrement concentrées et farouchement indépendantes. Elles ne lâcheront rien de cette formule magique qui aborde le breuvage comme une expérience sensorielle et poétique, un acte artistique. D’aucuns vantèrent les pouvoirs de la fée verte, l’absinthe aux reflets inquiétants qui marqua toute une époque, une esthétique de vie. Ici, nous sommes dans la même logique à ceci près que les synthèses proposées veulent restituer des états d’esprit contradictoires et décalés autant que des perceptions multiples.
Voltigeant avec des nuances aussi subtiles que le thé noir, l’orange sanguine, le haricot haruzi ou la cardamone, nos deux sorcières distillent de charmantes équations olfactives qui s’épaississent, puis se divisent en bouche pour exploser au palais en milliers de subtiles sensations. Les arômes déroutent mais fascinent, chaque flacon évoque un monde en soi, une alcôve chaude d’un bain bouillant, la poudre de riz qui sature l’atmosphère, un salon de thé discret qui annonce une rencontre amoureuse, une bibliothèque dont les livres fleurent bon le vieux porto, le whisky de prix, …
Féminin masculin, chaque alcool porte une double identité qui plaira aux femmes comme aux hommes, une sorte de point d’équilibre androgyne particulièrement troublant, qui se suffit à lui-même, dont les couleurs tirant parfois sur le vert profond, le noir encre, le sang épais envahissent le regard et égare l’âme. A ce jour Marlène et Camille proposent trois expériences fondées sur la douce nonchalance, l’impatience névrotique, l’hypocrisie perverse … Vivement le jour où elles étendront la gamme de ces expérimentations, déclinant d’autres états d’âme toujours plus subtils et excessifs en des parfums pareillement envoûtants.
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération. Ne l’oubliez pas !
Et plus si affinités