Fétiches, homoncules, momies ??? Les poupées de Ludovic Levasseur investissent une alvéole de l’exposition Hey 3, pour nous observer d’un œil absent, rêveuses et comme nonchalantes. Menaçantes ? Pas vraiment. Soustraites au réel, elles sont ailleurs, dans l’inconscient de ceux qu’elles ensorcellent, la non existence de monstres fantasmés. Offertes, impudiques parfois, dans la fente de leurs jambes écartées sur un coït désiré vaguement, un enfantement avorté …
De parchemin torturé, leurs membres se dégagent, se figent aussitôt, … des totems figés sur des pals, des trophées de créatures sublimes, encornées ou bicéphales … des monstres … le tératologue qui sommeille en chaque homme imbu de normal se réveille … comment, pourquoi ? Qu’est-ce qui a poussé le père de ces automates immobiles à jouer les Frankenstein ? Quand ces créatures vont-elles s’animer ? Le peuvent-elles ? On ne souhaite guère leur réveil … pas plus que leur créateur qui les contemple d’un oeil tranquille.
Flegmatique Ludovic Levasseur traverse tranquillement la foule qui honore la naissance de Hey 3. Il survole l’événement, l’intériorise. S’il l’apprécie, nulle émotion débordante sur son visage. Heureux certes mais il le garde pour lui. Nous le rencontrons devant ses sculptures, dont il ne dévoilera pas les secrets de fabrication. D’où lui vient cette inspiration, ce rapport charnel à la peau, ce sens de la forme ?
Il nous répond, parfois surpris lui-même de nos questions, lui qui n’interroge guère sa démarche, préférant l’action pure, le geste automatique à l’analyse de fond d’une œuvre qu’il garde insoluble. Entretien.
Un grand merci à Ludovic Levasseur pour son temps, son écoute, sa confiance, ses réponses.
Et plus si affinités
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