Hippocrate : Ah bon, votre médecin n’est pas Dieu ?

On aime plus que de raison le monde aseptisé de l’hôpital, on raffole de toutes ces séries américaines nous montrant de beaux médecins, dans de beaux locaux, sauvant de belles personnes. Grey’s Anatomy, Dr House ou Nip Tuck nous donnent envie d’enfiler tout de suite une blouse blanche. Hippocrate prend le contrepied, l’asepsie se trouve ici dans les horribles DASRI jaunes, les sous-sols lugubres de l’hôpital public et la nourriture sans saveur de l’internat nous incite moins à mettre une blouse « avec des taches propres ».

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Benjamin c’est ce jeune interne, assez brillant pour pouvoir accéder en premier semestre au très prestigieux service de Médecine Interne dont le chef de service n’est autre que son père. Cet étudiant, idéaliste et plein d’ambition se confronte à la dure réalité de notre système de santé. Comme un Zola contemporain, Thomas Lilti cinéaste et médecin nous peint la vérité sans romance, ni détours. On connait de nombreux auteurs médecins, Aragon, Winckler, Perino, les longues études de médecine on pourtant dû décourager les passionnés du 7ème art.

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Tout d’abord cette personne tant admirée qui a prêté serment n’est pas Dieu. Ici, la part de l’humain est révélée, le médecin est une personne comme une autre, ayant droit elle aussi à l’erreur, enchainant les heures de garde, tiraillé entre des dilemmes étiques. C’est aussi une personne ambitieuse que même une ponction lombaire ratée ne décourage pas, un homme souvent trop sûr de lui, un individu n’arrivant pas à reconnaitre ses erreurs. Bien loin de « c’est une belle journée pour sauver des vies », ici on retient plus la belle phrase du film « Médecin ce n’est pas un métier c’est une malédiction ».

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L’hôpital n’est pas un lieu attractif, c’est un endroit froid et difficile. Une sorte de monde vivant en autarcie avec une hiérarchie qui l’étouffe lui-même. Pourtant c’est aussi un endroit de fraternité, d’entraide et de belles soirées entre internes. Hippocrate n’est plus un serment, c’est un plaidoyer contre notre système de santé, contre un hôpital public assurant la santé pour tous gratuitement mais qui possède un coût. Un service de médecine interne ne peut faire du palliatif. Dans ce monde soumis à la rentabilité, la technocratie oublie ( trop souvent) la vulnérabilité de chacun, … comme une loi Leonneti, si belle et si mal appliquée c’est la tarification à l’acte qui court à sa perte.

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Pourtant cette comédie dramatique ne s’inscrit pas vraiment dans le drame ou alors notre réalité est vouée à l’échec. C’est une magnifique représentation de l’actuel avec ses failles et toute la beauté de ces professions de santé portée par un très beau jeu d’acteur. Rien n’est laissé au hasard, tout ce qui y est présenté existe tel quel, ici on ne triche pas, on ne s’encombre pas du futile, on constate, on se révolte, on s’insurge mais surtout on se laisse convaincre, gagné par l’émotion et on s’émerveille.

Et plus si affinités

http://www.le-pacte.com/france/prochainement/detail/hippocrate/

Clotilde Izabelle

Posted by Clotilde Izabelle