Voilà ça y est : nous arrivons au terme de bientôt six mois de campagne présidentielle, truffée de meetings, d’interviews, de programmes, de présentations, de controverses, de polémiques … et de sondages en tous genres. En filigrane, la question se répète : qui remportera cette élection à haut risque ? Et chacun, toutes tendances confondues, d’y aller de son pronostic, usant de logique, de recoupements d’informations, de son intuition … quand il ne s’agit pas d’interroger les cartes ou les astres. Eh oui, la politique a toujours été le champ d’exercice des prophéties et de la divination. On s’en étonne mais ce qui se pratique désormais dans le mystère des chancelleries, était officiel, reconnu et encouragé aux temps jadis.
Pour nous en convaincre, plongeons dans la passionnante et volumineuse étude de Georges Minois, Histoire de l’avenir – des Prophètes à la prospective. En quelques six cent cinquante pages et seize chapitres, l’auteur passe au crible notre besoin irrépressible de deviner l’avenir. Pour l’anticiper, le contrer, le forcer. Pour s’y préparer, l’accepter ou le transformer. Toujours présentes au fil des siècles malgré les métamorphoses religieuses, les réglementations, les interdits, les différentes méthodes utilisées varient dans leur approche mais pas dans leur but.
D’un œil acéré, Minois documente et explicite cette formidable évolution, mettant en exergue continuités et ruptures, la persistance d’une fascination qui saisit l’être comme un appétit d’absolu en réponse à la froide raison. On appréciera la finesse de l’écriture, la justesse du tracé argumentaire, l’observation objective qui jamais ne prend parti pour juste comprendre un phénomène humain et en énoncer les clés. C’est un très beau livre que voilà, qui forme l’esprit d’analyse tout en rigueur et en pertinence.
Et plus si affinités