Elle est au programme de la prochaine Beautiful Skin, qu’elle anime régulièrement derrière ses platines. Quand elle ne mixe pas en tenue d’Eve, Pamela en Personne s’adonne à l’effeuillage burlesque avec une dextérité qui n’a d’égal que son humour percutant et son dynamisme. En soirée, au cabaret (elle est une des fondatrices de La Flaque), en club… Une personnalité multipotentielle, bien dans sa peau, pleine de peps, incarnation parfaite de ces étincelles culturelles que nous aimons tant repérer sur The ARTchemists ? On ne pouvait pas laisser passer. Une playlist anticipant l’ambiance de la Beautiful Skin à venir (à écouter dans deux trois lignes) et quelques questions plus tard, nous en savons plus sur Pamela. Et ça vaut son pesant de cacahuètes créatives.
Je te laisse te présenter : d’où viens-tu ? Que fais-tu ?
Bonjour ! Mon nom de scène, c’est Pamela en Personne, parce que j’aime l’humour subtil. Au début, c’était mon nom de scène burlesque. Quand j’ai commencé à mixer, je voulais m’appeler DJ Gueulasse. Mais plusieurs copains m’ont convaincu que personne ne voudrait mettre ce nom en affiche. Donc, je suis plutôt restée avec Pamela.
Comment en es-tu arrivée à l’effeuillage ? Et aux platines ?
J’ai commencé par l’effeuillage que j’ai découvert quand j’étais dans l’un des casts du Rocky Horror Picture Show au Studio Galande. Il y a plus de 10 ans ! J’ai d’ailleurs commencé la scène comme ça. Je n’ai aucune formation. Mais un jour, je suis allé au Studio Galande et à la fin du spectacle, iels disent de venir les voir si on veut monter sur scène. J’ai laissé mon numéro. Un mois après, iels m’appellent 2 h avant le show en disant qu’iels ont besoin d’une Colombia. J’y suis allé la peur au ventre et… j’ai continué pendant quatre ans.
Les platines, c’est plus récent. J’ai commencé il y a un an. Un peu par hasard. J’ai rencontré une personne qui mixait, je lui ai demandé s’il pouvait me montrer. Il m’a prêté son matos pour que je m’entraîne et… voila.
Tu es à la fois effeuilleuse burlesque ET DJ : comment les deux univers se recoupent-ils, s’alimentent-ils ? Peut-on s’effeuiller en mixant ? Est-ce burlesque de mixer ? Si oui, en quoi ?
Les deux univers s’enrichissent à mon sens. Quand je découvre des sons, il y a une sorte de tri dans mon cerveau : «ça, c’est parfait pour un numéro» ou «celui-là, je veux trop le passer en soirée !«
J’ai aussi créé un « set Pamela » où je mixe des musiques très connues des années 90 et je fais scander aux gens mon nom de scène.
Il y a enfin le côté costume et show : je mixe surtout en soirée naturiste (donc nue) mais quand je mixe ailleurs, j’ai des tenues burlesques et je saute partout. Donc, je pense que ça entraîne le public avec moi.
Et enfin, quand je fais des cabarets, je suis sur scène puis j’enchaîne direct sur un set ensuite. Mais rarement, car c’est crevant. Vu que je gère la production du show + maîtresse de cérémonie + numéro + DJ set, je termine en petits morceaux :). Donc maintenant, sur les cabarets que j’organise, y a toujours un DJ set, mais ce sont d’autres personnes qui l’assurent.
Effeuillage / naturisme / féminisme = même combat ?
Jolie question ! Pour moi, évidemment que ça se recoupe, mais ce n’est pas du tout la même approche.
J’y vois une brique commune de déconstruction et de libération, mais ce n’est pas pour les mêmes objectifs ni avec les mêmes méthodes.
Pour faire de la provoque, tout le monde n’a pas besoin d’enlever ses vêtements ou de danser à poil pour questionner le genre et lutter contre le patriarcat.
Comment prévois-tu tes sets pour une soirée ? En fonction de quels critères ? Pour obtenir quel effet ?
Pour la Beautiful Skin, je suis souvent en 1ʳᵉ partie de soirée. Donc, je prépare plutôt des sons mainstream et populaires. Ou des remix connus (de Véronique Sanson par exemple, passion Sanson). Les vendredis, je vais taper plus fort tout de suite. Le dimanche, je fais une montée en douceur, pour préparer la place à Jérémie ou Fabien.
Quand je mixe à la Flaque (le cabaret que j’ai cofondé), je vais plutôt être en mode jeu. Je vais par exemple faire un B2B ou le jeu est de voir comment l’autre va réussir à enchaîner sur un Gims puis un Soulwax.
Tu es une DJ woman : penses-tu que les femmes mixent différemment des hommes ? Si oui, en quoi ?
Je suis encore un baby DJ, et je traîne surtout dans des milieux alternatifs avec une bonne parité de DJ women. Donc, j’ai une vision complètement fausse du monde réel, je pense, mais je ne vois aucune différence.
Tu te prépares pour la prochaine Beautiful Skin : est-ce que ça influence tes choix musicaux de mixer pour une soirée où les corps seront nus ? Quels effets veux-tu obtenir ?
Le fait d’être nu.e n’influe pas sur les sons que je choisis. C’est plutôt qu’une bonne majorité du public des BS vient du milieu gay, et là, il y a un goût certain pour les divas. Donc j’en use et abuse.
Créative, dynamique… et pleine d’humour : comment fais-tu passer toutes ces ondes positives durant tes DJ sets ?
Lors des transitions, je suis concentrée et sérieuse. Mais dès que c’est passé, j’ai un énorme sourire plaqué sur le visage, je saute partout et je chante à tue-tête.
J’ai entendu pas mal de DJs parler du fait de «raconter une histoire« . Et j’avoue, ça ne me parle pas du tout. Je viens avec pleins de sons et je passe ce dont j’ai envie sur le moment. Je modifie suivant les réactions du public en face.
Je ne pense pas être encore assez technique pour te dire que je suis créative pendant un set.
Les soirées du collectif Bragi Pufferfish ? Comment as-tu rejoint le collectif ? Pourquoi ? quel est ton engagement personnel, ton combat ?
J’ai découvert le collectif Beautiful Skin, car j’avais décidé de me mettre au naturisme et j’en ai entendu parler par hasard. J’ai surtout eu un énorme coup de cœur pour toutes les personnes que j’ai rencontrées (Jérémie, Fabien, Julien, Olivier, Loulou, etc…). Iels sont toutes incroyables de gentillesse, de prévenance, de douceur et de positivité.
Sur la partie engagement personnel, je pense que je trouve dans la BS un refuge. Je sais que je vais à chaque fois passer des soirées géniales, avec des gens chouettes qui sont alertés sur des questions qui me tiennent à cœur (inclusivité, consentement, féminisme, etc.).
Comment vois-tu ton futur artistique à l’heure de la crise climatique ? Comment selon toi repenser le clubbing pour un monde plus éthique, responsable, mais toujours aussi festif ?
Ouh, la jolie question difficile.
Car je suis justement sur une impasse. À l’époque, ma réponse était de s’inspirer des valeurs des burns, une autre communauté alternative très chouette. Avec des valeurs comme le «leave no trace» par exemple. Mais je constate que même ce monde reste une grande majorité de personnes blanches et privilégiées (malgré tous leurs efforts pour être aussi inclusif.ve que possible). Donc, je n’ai pas encore de solution ni de conviction claire. Je continue à chercher et à me cultiver sur le sujet !
Merci à Pamela pour son temps et ses réponses.
Et plus si affinités
Pour en savoir plus sur Pamela en Personne, consultez sa page Instagram.
