Dans les deux biopics consacrés à Yves Saint Laurent, il apparaît, sous les traits de Xavier Lafitte ou Louis Garrel. Deux interprétations somme toute palotes au regard de ce que fut Jacques de Bascher. L’excellente biographie que lui consacre Marie Ottavi rend heureusement justice à ce personnage aux facettes multiples et paradoxales, véritable incarnation des 80’s glorieuses, insouciantes et extrêmes.
Jacques de Bascher donc, ultime dandy, rejeton d’une vieille famille aristocrate, royaliste, homosexuel, drogué, … provocateur et tentateur, intelligent, cultivé, précieux même, mêlant spiritualité et malice dans une démarche esthète qui n’eut jamais d’autre finalité qu’elle-même. Un être doté de tous les dons et qui n’en exploita aucun, s’oubliant dans une nonchalante existence tissée de fêtes et d’orgies.
Amant platonique d’un Karl Lagerfeld distancé, corrupteur d’un Yves Saint Laurent littéralement envoûté, Jacques de Bascher s’infiltre dans les milieux de la mode, de la musique, de l’art et de la nuit, à l’heure où ceux-ci sont les plus prolixes. L’évocation de son parcours dans ces eaux troubles revoie le reflet d’autres carrières, d’autres profils, notamment celui de Lagerfeld qui fut à la fois un compagnon et un mentor, un cap à respecter dans les excès, un figure écrasante par son génie.
D’une plume vive, Marie Ottavi suit les pas de Bascher pour déployer toutes les facettes d’une époque bénie dont on comprend vite qu’elle annonce un déclin foudroyant. L’épidémie de sida emportera ce gracieux personnage et des centaines de ses semblables, balayant ainsi la douceur de vivre d’une caste appelée à disparaître. Reste le souvenir palpitant d’une posture volontairement en marge, élégante mais vouée à l’autodestruction.
Et plus si affinités
http://www.editions-seguier.fr/livre/22012