Lâchez-moi ! relate la vie du pianiste Hampton Hawes. Cette légende du jazz y raconte son parcours chaotique, impacté par la drogue comme nombre de ses semblables (Charlie « Bird » Parker ou Billie Holliday), entre feux de la rampe, enregistrements, gloire, tournées épuisantes, bas fond, pègre et oubli. Ce faisant, il évoque les grandes heures du genre en 255 pages d’une langue imagée et familière.
Fresque historique
Rédigé par l’écrivain Don Asher, lui-même pianiste et qui a recueilli les confidences de Hawes, le livre, publié par 13eme note Editions, se dévore d’une traite, tant le propos est limpide comme une ligne mélodique. Entre road trip, roman picaresque, fresque historique, cette bourlingue nous plonge dans l’Amérique des années 40-60. Guerre de Corée, meurtre de Kennedy, Black Panthers, Hawes ponctue son récit de dates historiques importantes, de figures artistiques essentielles, Miles Davies, Nica Rotschield, Bennie Goodman …
Un fatalisme impressionnant
On le voit atteindre les sommets, plonger dans la déchéance, toujours avec un détachement et un fatalisme impressionnant, acceptant le succès ou les échecs avec résignation, du moment qu’on tolère sa vie, ses choix. L’expression « Lâchez-moi ! » reflète l’incommensurable douceur de sa musique, comme une bulle de protection, dans laquelle on se réfugie. Traduit par Bernard Cohen qui réussit à transcrire la richesse de l’ argot populaire propre à l’université de la rue, ce portrait ne cache rien, et fascine par son honnêteté.