Cergy-Pontoise : 210 000 habitants. Et deux théâtres, le Théâtre des Arts (Cergy-centre) et le Théâtre des Louvrais (Pontoise), réunis au sein de L’aPOSTROPHE, scène nationale du Val d’Oise née en 1999 dans le sillage de cette ville nouvelle.
A sa tête Jean Joël Le Chapelain : études de lettres classiques, formation de directeur d’établissement culturel, licence d’études théâtrales. Directeur de l’animation et de la décentralisation du Centre International de Recherche Musicale et d’animation régionale de Saintes de 1975 à 1979, puis du Centre de Développement Culturel d’Athis-Mons de 80 à 86, créateur enfin de la scène nationale Le Fanal avant de prendre en main celle du Val d’Oise. Un pionnier en matière de politique culturelle de terrain et de décentralisation, qui ajoute à ce palmarès les casquettes de metteur en scène, réalisateur de productions audio-visuelles, animateur producteur d’émissions de radio, chroniqueur culturel pour la presse écrite. dont le discours et l’action rappellent celui d’un Yannick Marzin avec MA Scène nationale Montbéliard. Sauf qu’à Cergy on n’est pas en province mais en banlieue de Paris, et que paradoxalement il est plus délicat d’exister et de rayonner dans la périphérie de la capitale qu’en dehors de l’Ile de France.
Cela, Jean Noël Le Chapelain le sait aussi, qui a endossé des rôles tels que expert pour le théâtre et la danse, dans le cadre des commissions consultatives pour ces deux disciplines, auprès des Directions régionales des affaires culturelles des Pays de la Loire puis de l’Ile de France au ministère de la Culture et de la communication, cela depuis 1990, expert appelé à siéger pour la Région Centre de 2009 à 2012 et pour Arcadi, structure relais de la Région Ile de France en 2011, membre du conseil d’administration de l’Association des scènes nationales (1989-1998), membre du Conseil national du Syndicat des directeurs des entreprises artistiques et culturelles (1991-1992), à nouveau élu depuis 2007 ayant en charge les Scènes nationales, membre élu du bureau du CCN-BN Centre chorégraphique national de Caen – Basse Normandie depuis 2010, représentant la chambre professionnelle du théâtre public dans le cadre de la Convention collective nationale des entreprises artistiques et culturelles, Président du Fonds national d’activités sociales du spectacle vivant de 1999 à 2010, Président puis Vice Président en alternance tous les deux ans de la Commission paritaire nationale emploi formation du spectacle vivant (CPNEF/SV) depuis 2003, enfin en 2013 Président de la Commission paritaire consultative rassemblant auprès du Ministère de la culture et de la communication les représentants des organisations syndicales de salariés et d’employeurs.
Vous l’aurez compris en parcourant ce pedigree, le Monsieur est un homme de théâtre, qu’il s’agisse de lieu, de scène ou de texte, d’histoire ou de répertoire, de littérature ou de profession : il est devant, dessus, derrière, avant, pendant, après, reconnu de ses pairs, au cœur du théâtre et le théâtre au coeur. Un pilier solide en matière de diffusion de la culture dans les territoires, avec comme mission d’en ouvrir les arcanes à un public qui n’y a pas forcément accès, de transmettre cet héritage précieux des maisons de la culture de Malraux, de l’action de Jeanne Laurent qui nomme les premiers metteurs en scène en province, du TNP de Jean Vilar, des Centres d’Action Culturelle de Jacques Duhamel, des Centres de développement Culturels de Jacques Lang, le tout en réussissant le challenge contradictoire d’en respecter l’esprit tout en l’adaptant aux exigences de la modernité. Surtout quand on ajoute à l’équation que le dit lieu est subventionné par la Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise, le Ministère de la Culture et de la Communication, le Conseil général du Val d’Oise, ayant pour vocation d’être un service public avec les objectifs suivants :
- Développer des actions de sensibilisation à l’art au travers de différents supports
- Toucher des publics variés en élargissant l’audience par delà les spectateurs déjà initiés
- Mettre en avant des créations contemporaines en sus d’un répertoire plus classique
- Repérer, former et promouvoir des jeunes talents accueillis en résidence.
Cela se traduit pour la saison 2013 -2014 par une programmation affichant théâtre, danse, musique avec pèle mêle Alfred Jarry, Shakespeare, Ibsen, Camus … mais aussi Olivier Dubois, James Ellroy, Tété, … éclectisme certes mais cohérence cristallisée par les festivals Escales Danse en Val d’Oise, Périphérique Arts Mêlés, Théâtre et politique, ou l’opération Melting’ Potes. Cette dernière mobilise environ 400 élèves, 15 artistes référents, une trentaine d’enseignants, assemblés deux jours durant dans le Théâtre des Louvrais pour un marathon théâtral orchestré en amont, témoignage de l’action formatrice voulue par la structure. L’ensemble de ces manifestations implique de multiples partenariats associant les municipalités et les lieux. Une gageure qui valait bien une rencontre, afin d’en savoir plus sur ce versant de la créativité institutionnalisée. Jean Joël Le Chapelain a accepté de répondre à nos questions et c’est autour d’une table du Zimmer voisin du Théâtre du Châtelet que nous nous rencontrons afin qu’il nous en dise plus sur ce fonctionnement et sa portée. Une heure durant, entre tasses de thé et musique de fond, il va nous parler de son travail, des orientations de L’aPOSTROPHE, des actions de sensibilisation menées, depuis la formation jusqu’au rayonnement média via l’émission de radio sur RGB 99.2 FM et ou les interventions surVOtv.
Le tout offre à The ARTchemists une nouvelle masterclass culturelle où se déploient les arcanes d’une stratégie éducative, l’importance d’une ouverture au savoir, les responsabilités que cela entraîne, les devoirs que cela impose, et en filigrane l’obligation incontournable de défendre ce secteur comme un bastion précieux.
Rencontre avec J.J. Le Chapelain, directeur de L’aPOSTROPHE – Scène Nationale – Cergy Pontoise by Delfromtheartchemists on Mixcloud
Un grand merci à Jean Joël Chapelain pour son temps, ses explications, sa ferveur.
Et plus si affinités