Nous avions dévoré les trois premières saisons avec délectations, la quatrième n’a pas fait long feu non plus : le nouveau chapitre de la série TV de Canal+ Le Bureau des légendes confirme les succès précédents, en demeurant dans l’ambiance particulièrement lourde du film d’espionnage.
On prend les mêmes et on continue. Malotru et consort continuent donc de se courir après, de se haïr et de s’épauler, de se trahir et de se réconcilier. Rien de nouveau sous le soleil de la DGSE donc, nos espions font toujours leur boulot en se tirant dans les pattes, en multipliant les crises existentielles et les coups bas pour piquer la place de l’autre.
Une nouveauté néanmoins dans ce bordel affectif généralisé : Malotru, en trouvant refuge à Moscou, ouvre ainsi une porte scénaristique sur la Russie et ses services de renseignements hérités du KGB. L’oppurtunité par ailleurs pour Rochant et sa team d’explorer les joies du cyber-espionnage et les guerres numériques qui profilent l’avenir du secteur.
https://youtu.be/T9uRZI556Ps
Utilisation de l’IA par des hackers au profil redoutable, manipulation des consciences et des votes via les réseaux sociaux, pas de doute, on navigue dans une réalité du reste abordée via le documentaire Runet. Et on comprend enfin l’ampleur d’une menace qui n’est pas l’apanage des russes loin de là.
On saisit également l’intérêt prononcé des services d’espionnage internationaux pour nos amis les geeks dont les talents trouvent ici pleine expression, ce qui nous vaut quelques séquences à suspens assez délicieuses. On appréciera du reste l’évolution du personnage de Jonas, interprété par un Artus au mieux de sa forme.
En quittant la quiétude des bureaux parisiens pour investir le terrain syrien à la poursuite de djihadistes français qu’il faut impérativement neutraliser, ce nerd de première bourre gagne ses galons et sa maturité d’agent, en apparence maladroit et lunaire, en vérité psychologue et retors. Là aussi cela nous vaut des passages assez intenses, tandis qu’on saisit de manière dramatique les enjeux que représente cette chasse à l’homme.
Le personnage de Jonas s’impose également comme un anti-Malotru, par la maîtrise des émotions, la distance établie entre l’intime et le professionnel. Ce contre-point arrive à point nommé pour offrir une respiration dans une intrigue étouffante, réinjecter un peu d’équilibre et de bon sens dans cette démesure, distancer le caractère malsain du héros dont on saisit enfin les dysfonctionnements.
Pour en savoir plus :
https://www.mycanal.fr/series/le-bureau-des-legendes-saison-4