Qui a dit que la vie culturelle en dehors de la capitale était réduite à néant ? Tandis que Paris multiplie les grosses machines artistico-people où l’on va parfois pour se montrer plus que pour voir, la grande banlieue comme la province se transforment en autant de laboratoires où l’innovation et l’audace sont de mise. Et le succès au rendez-vous.
Dernier exemple en date : ce vendredi 4 octobre 2019, le Théâtre intercommunal d’Étampes programme l’opéra de Darius Milhaud intitulé Le Pauvre Matelot. Soit trente cinq minutes pour nous raconter le retour d’un marin dans son home sweet home après des années d’errance et ses retrouvailles avec une épouse fidèle dont il va tester la constance à ses risques et périls. Le tout décliné en trois actes avec comme librettiste un certain Jean Cocteau, ce qui n’est pas rien.
Datée de 1927, cette « complainte » connaît depuis quelques années un renouveau étonnant. Échappant aux ors des salles d’opéra, elle trouve refuge dans les bistrots pour se régénérer … et fasciner des publics qui découvrent ainsi l’art lyrique sous un jour moins guindé mais néanmoins très qualitatif. Le spectacle créé en 1984 par la compagnie Arcal a depuis sillonné l’Hexagone avec un succès évident et une formule qui conquiert les cœurs.
Car pour le coup, le concept de « bistr’opéra » rapproche chanteurs et spectateurs en les situant dans un espace de convivialité et de partage où la frontière public/plateau est abolie. Si les uns y gagnent en confort vocal, les autres se retrouvent parachutés dans l’action … et découvrent que le chant, en dehors de la technique et de la prouesse vocale, c’est aussi du théâtre, de l’émotion. La chose est d’autant plus séduisante que la manifestation est gratuite.
Une manière de rappeler que l’opéra fut longtemps un divertissement populaire à la portée de tous et non une chasse gardée élitiste. Vendredi, c’est dans le cadre du restaurant 91150 que la représentation aura lieu. L’endroit, un établissement au décor authentique avec zinc et vieux carrelage, s’y prêtera parfaitement, apportant une touche presque naturaliste à la mise en scène de Christian Gangneron et à l’interprétation des chanteurs de la troupe.
Et plus si affinités