Attention folks ARTchemisiennes : feel goof movie en perspective et dans la plus pure tradition française, s’il vous plaît ! Pour ceux qui auraient loupé la sortie de la comédie Le Retour du héros, il reste sa diffusion toute récente en DVD ou en VOD … et l’occasion de se faire un GROS plaisir cinématographique avec cette histoire rocambolesque mais si savoureuse.
Le réal Laurent Tiral nous parachute donc au cœur du Premier Empire, en pleines guerres napoléoniennes. Fille de haut lignage, un brin féministe et indépendante en diable, Elisabeth regarde le fringuant Capitaine Neuville tourner autour de Pauline, sa bécasse de sœur, avec méfiance … et raison. Elle seule a su flairer chez ce « héros » suffisant de vanité, l’odeur rance du séducteur, chasseur de dot, menteur et lâche. Fort heureusement l’appel sous les drapeaux pour une enième campagne, évite la mésalliance … mais plonge Pauline dans la dépression et la maladie. La petite se laisse mourir devant le silence de cet amant parti au loin.
L’énergique Elisabeth décide alors d’intervenir : Neuville n’écrit pas, en dépit de ses serments d’amour, de sa promesse ? Qu’à cela ne tienne. La donzelle prend la plume et alimente une correspondance aussi prolixe et fleurie que fictive : sous sa plume, Neuville devient progressivement courageux, humble, entreprenant, exotique même, vivant des aventures fabuleuses au fin fond des Indes ; bref, de missive en missive, il se transforme en héros romanesque paré de toutes les vertus … et devient la coqueluche virtuelles de tous les salons du voisinage, où ses lettres sont lues avec ferveur et admiration. Seulement voilà, il va bien falloir tuer le Monsieur pour permettre à Pauline de continuer sa vie de femme.
Ce qu’Elisabeth fait avec un brin de regret lors d’un ultime adieu épistolaire, où Neuville annonce qu’il va mourir sous les coups des Anglais et que la petite doit vivre heureusement avec quelqu’un d’autre, le niaiseux Nicolas en l’occurrence. Nice try !!!!! Mais c’était sans compter avec la couardise du capitaine qui a préféré fuir les champs de bataille … et débarque un beau matin, dans son patelin d’origine, dépenaillé et sale comme un peigne … mais fermement décidé à redorer son blason et refaire fortune, quitte à escroquer un entourage ravi de voir qu’il a survécu. Et Élisabeth de devoir composer avec ce sale individu qu’elle ne supporte pas mais à qui elle a construit une auréole de saint !
A partit de là, les rebondissements, les clashs et les retournements de situation vont s’enchaîner à une allure folle, chacun étant enferré dans les mensonges de l’autre. Le duel est inévitable, mais il prend souvent des allures d’affrontement complice, à la Beatrice et Benedict pour ceux qui affectionnent Beaucoup de bruit pour rien de Shakespeare. Autres références mêlées dans ce délicieux cocktail : Victor Hugo et ses Châtiments, Le Colonel Chabert et Mignon de Balzac, Guerre et paix de Tolstoï, les héroïnes de Jane Austen, Les Mariés de l’an II de Rappeneau ou Cartouche de Broca. Du reste Tiral ne cache pas son amour pour les films d’aventure en costumes, teintés d’humour et de fantaisie.
C’est ce genre qu’il relance ici, avec force costumes et décors magnifiques, une distribution brillante dans le style comique, avec en tête Jean Dujardin et Mélanie Laurent, parfait dans ce numéro de duettistes déjantés, où l’émotion s’invite quand on ne s’y attend pas. L’ensemble est drôle, léger, déjanté, délicieux et sans prétention, ce qui en fait un excellent divertissement, qui réconcilie le film comique hexagonal avec lui-même.
Et plus si affinités