Le peintre norvégien Edvard Munch est passé à la postérité avec son tableau Le Cri. Une vision réductrice, qui néglige le reste de son œuvre, mais aussi son parcours d’expressionniste. Le roman graphique Munch avant Munch revient sur la gestation de ce grand artiste, évoquant son adolescence, ses premiers pas de jeune adulte.
Un récit initiatique
Poids d’une famille puritaine, amours malheureuses, deuils douloureux, découverte de la peinture et de l’art, le récit dessiné et mis en paroles par Giorgia Marras a tout du récit initiatique. D’un trait à la fois précis et angoissé, la jeune auteure génoise relate la lente mutation à l’œuvre dans cet esprit anxieux et ravagé. Habité, Munch peine à faire accepter son style face à un académisme dépassé. Sa modernité, il la paie au prix fort de la solitude et du doute constant.
Le besoin compulsif de la contemplation
Dans une atmosphère noire, grise et blanche, où le bleu pâle évoque le passé, les souvenirs en une série de vignettes flashback, les émotions dévastatrices du jeune homme occupent toute la place, envahissent les consciences, expliquent cette perception torturée du monde. Au gré des rencontres avec les grands esprits de son temps, Munch façonne son univers, son intellect, ses choix de vie. Dans un monde qui s’ouvre à la technologie, à l’industriel, à la productivité, il incarne ce besoin compulsif de la contemplation.
Comment Munch est devenu Munch
Avec un sens évident et très appréciable de la retenue, Giorgia Marras déroule le fil de ce début de carrière, met en exergue ses différents points d’ancrage comme ses refus, ses ambitions et ses visions. Les cents pages qui en résultent mêlent savamment l’exubérance créative de cette époque bouillonnante et la mélancolie introspective du peintre en devenir. Ainsi, l’ouvrage parle à toutes les générations, aussi bien aux néophytes qu’aux amateurs, pour donner à voir comment Munch est devenu Munch.
Et plus si affinités
Le livre Munch avant Munch est à découvrir sur le site des éditions Steinkis.