Et pas qu’un peu, mon neveu ! Le romancier y a consacré son œuvre, aucun de ses bouquins n’y échappe, depuis Le Dahlia noir jusqu’à American Tabloïd: à chaque page, le lecteur bute contre un gangster, une extorsion, un règlement de compte. Une fiction ? Une réalité surmultipliée par la plume alerte de ce génie du polar ? Ou une triste vérité, une facette essentielle du business du cinéma ? Si vous aviez un doute, la mise à plat opérée par Tim Adler dans les quatre cents pages d’enquête de La Mafia à Hollywood va vous éclairer brutalement, chiffres à l’appui.
c’est que le monsieur est journaliste financier à la base, donc adepte des données, des comptes, des bilans. Les sous, il connaît. c’est donc avec délectation qu’il plonge dans les racines de l’industrie du film, dés les années 20, quand les séides d’Al Capone profitent de la Prohibition pour vendre de l’alcool de contrebande, amasser les millions de dollars et envisager d’investir dans les studios émergents de Los Angeles. Attention : investir pour un gangster des 20’s, c’est tout bonnement mettre en place un système de racket et faire chanter producteurs, acteurs, réalisateurs …
Le modèle économique étant posé, c’est avec bonheur que l’union crime organisé/production cinématographique va prospérer, dans la fascination qu’opère la figure sublimée du mafieux. Tandis que les clans s’infiltrent dans les studios, les longs métrages traitant de cet univers se multiplient. Le film de gangster fait recette. Et les liaisons dangereuses se proliférer dans ce climat de sexe, de drogue, d’excès, de violences. Bordels, casinos clandestins, orgies se mêlent aux menaces, aux assassinats que Tim Adler énumère avec pléthore de détails et d’anecdotes, mettant en évidence l’attraction que les plateaux exercent sur ces bad boys.
Sortir avec une star, inspirer un acteur, devenir soi-même interprète … les gangsters trouvent ici une reconnaissance, tandis que les comédiens pénètrent leur sphère privée : Jean Harlow, Franck Sinatra, Marilyn Monroe, James Caan fréquentent les parrains, terme démocratisé par le succès de Coppola jusque dans les rangs du Syndicate et de Cosa Nostra qui n’en usait guère auparavant. C’est tout dire. Patiemment Tim Adler résout ce casse-tête, dont certains passages peuvent presque être répétitifs : c’est que le crime organisé au final manque singulièrement d’originalité, enfermé qu’il est dans un microcosme de codes et d’habitudes.
Reste une fresque ultra détaillée sur une économie souterraine que le FBI mit des années à neutraliser, car elle était profondément entrelacée avec la vie culturelle et politique du pays. On peut du reste s’interroger sur la facilité avec laquelle ces criminels mirent la ville en coupe réglée, s’infiltrant partout avec une aisance déconcertante. Bref l’ouvrage de Adler regarde derrière le miroir, parachevant le travail entrepris par les Anger, Ellroy, Easton Ellis, Coppola et Scorcese, pour dresser un tableau peu glorieux d’une industrie dont les paillettes font rêver à tort.
Et plus si affinités