Graffiti selon le Larousse : « Inscription ou dessin griffonné par des passants sur un mur, un monument, etc ». Donc dans l’espace public, comme un grand cri poussé dans l’anonymat des villes pour accrocher la rétine des passants. Et parmi eux, le photographe Claude Abron, qui a choisi d’immortaliser ces déclarations au fil du temps dans le livre La Parole est aux Murs.
L’expression de nos états d’âme
Cris de haine, revendications sociales, déclarations d’amour, pensées philosophiques, les parois de nos métropoles recueillent l’expression de nos états d’âmes depuis des siècles. Une véritable tradition qui remonte à l’Antiquité, voire même avant l’invention de l’écriture si l’on prend en compte les peintures rupestres dont nos lointains ancêtres ornaient leurs grottes. Au fil de ses nombreuses missions aux quatre coins du globe, Claude Abron s’est pris d’affections pour ces aveux crachés à la face d’une humanité qui passe son chemin dans l’indifférence absolue… ou pas.
Une documentation exceptionnelle
De cliché en cliché, ce sont 50 ans de photos qu’il accumule, une documentation exceptionnelle qui illustre le passage du temps et des modes, l’évolution des comportements, la persistance des combats. Le très beau livre La parole est aux murs est né de la volonté de donner à voir cette continuité qui oscille enter rage, insulte et poésie. Aux côtés du photographe, Yves Uro analyse ces images parfois drôles, parfois poignantes. Messages rédigés sur un coup de tête à la pointe d’une craie ou d’un feutre, dessins ouvragés, préméditation du pochoir, il y en a pour tous les goûts.
Liberté de ton et sens des mots
Et toutes les influences, toutes les thématiques : création artistique, homosexualité, publicité, terrorisme, féminisme, croyance, police, amour, poésie, justice, guerre, animaux, éducation, on reste confondu par l’extrême variété des sujets abordés sur ce grand journal de la vie que sont les murs de nos cités. Et par la liberté de ton, le sens des mots, les tournures. Slogans synthétiques qui claquent aux yeux, textes élaborés à décrypter avec patience, c’est une véritable littérature qui s’affiche sur des parois urbaines qu’on ne regarde que trop peu.
En quelque 200 pages, Abron et Uro nous rouvrent les yeux. Pour sûr, après avoir parcouru La Parole est aux Murs, vous serez beaucoup plus attentifs à votre environnement, prendre quelques instants pour lire ces propos et en méditer la réelle portée et la très profonde liberté.