Donc ça y est, on va de passer Halloween et la Toussaint, désormais, c’est ligne directe vers Noël et la prise de tête des cadeaux ! Et te voici, lecteur, qui ne sait quoi offrir à tes proches. Un livre peut-être ? C’est pas trop cher et ça peut rendre heureux. Si si ! Mieux, cela a de fortes chances de coller une ambiance de tous les diables pendant le dîner du réveillon.La preuve avec l’excellente étude de Jean Garrigues qui est allé mettre son nez sous les jupons de Marianne afin d’explorer un siècle et demi d’affaires et de coups fourrés. Les Scandales de la République est né de ses investigations de prof d’Histoire émérite et passionné, qui connaît son sujet sur le bout des doigts et sait nous communiquer sa flamme comme sa rigueur.
Trois Républiques passées à la moulinette
Bye bye les « députés tous pourris ! » du quidam colérique et finalement peu au fait de la chose. Ici, on a des preuves et on les met en évidence dans une analyse pointue. Rien n’échappe à notre Cerbère qui passe à la moulinette trois Républiques depuis la fin du XIXᵉ siècle jusqu’à aujourd’hui, s’amusant à dérouler les frasques de nombreux parlementaires, politiciens et dirigeants qui ne furent guère regardants en matière de morale et surent au passage arrondir leur portefeuille de manière confortable.
- Premier constat, en parcourant ces 700 pages réactualisées pour coller au présent, : les interactions entre milieux politiques, banques et businessmen ne datent pas d’hier. C’est même un sport national, voire international, dans lequel nous autres Français excellons.
Deuxième point : au niveau des mœurs, c’est pas mal non plus, et nos gouvernants ont su y faire quand il s’agissait de gaudrioles (il semblerait que pour certains, ce soit encore et toujours le cas).
Troisième élément : la sécurité du pays, ses intérêts autorisent tout, même l’inacceptable, pris en main par hommes de main et barbouzes, de vrais spécialistes qui n’ont pas froid aux yeux et n’hésiteront pas à s’asseoir sur les valeurs républicaines pour protéger Marianne, ou plus exactement ceux qui parlent en son nom.
S’il peut démolir un individu ou un groupe, le scandale profite toujours à quelqu’un, toujours. Et on peut se demander si le quelqu’un en question n’a pas aidé la tempête à se déclencher.
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Une certaine mentalité politique
L’affaire Stavisky, la disparition de Ben Barka, les diamants de Bokassa, … ces noms, on les a déjà entendus, les médias en ont fait leurs choux gras avant qu’ils ne s’infiltrent dans nos livres d’Histoire. Et puis il y a les autres, plus récents, Clearstream ou Benalla, qui défrayent encore la chronique… ou ceux dont on se souvient peu, mais qui valent leur pesant de cacahuètes électorales. Et c’est là que l’étude de Garrigues prend tout son sens, dans cette confrontation d’affaires dissemblables de prime abord, mais finalement voisines par la mentalité qu’elles trahissent.
Bref un beau cadeau à faire pour neutraliser l’immanquable débat politique qui vient gâcher les dîners de fêtes … à moins que vous ne gardiez ce bouquin pour vous ? Vous prendrez, c’est sûr, grand intérêt à le parcourir, pour vous distancer des analyses au lance-pierre qu’on nous sert à longueur de journaux télé et comprendre que tout ceci n’est pas si simple, que pour intervenir, il faut démonter cette logique, afin de la contrer au mieux, avec patience et recul.