Il n’y a pas à dire, le surdoué est à la mode, autant que le pervers narcissique, dirait-on. Envahissant les revues spécialisées comme la presse généraliste, le zèbre tient le devant de la scène psychologique. Les mères se prennent à rêver de faire des petits génies de ce genre, d’autres s’interrogent sur cette éventualité pour expliquer les facéties de leurs rejetons. Pendant ce temps, les manuels d’utilisation du surdoué de base se multiplient au rayon « Développement personnel » des librairies et autres supermarchés de la culture, tandis que fleurissent un peu partout des ouvrages, des vidéos et des services adaptés aux HP adultes.
Non, lecteurs, pas HP pour hôpital psychiatrique mais HP pour Haut Potentiel. Quoi que, trop souvent les surdoués devenus grands et non repérés dans leur enfance souffrent d’un décalage social et affectif qui les handicapent parfois fortement, les repoussant aux limites de l’intégration sociale. Et pendant longtemps ce furent les psys qui prirent en charge ce qu’on qualifiait de déviance alors qu’il s’agit d’une autre manière d’appréhender le monde, de recevoir les informations, de les traiter et d’y répondre. Le tout enrobé d’émotions d’une puissance décuplée.
Bref un bordel à gérer. Mais pas de panique : le surdoué grand ou petit est un être humain tout à fait adorable et capable d’adaptation pour peu qu’il identifie ce qu’il est et comment il fonctionne : après tout est histoire de pratique. A ce jeu, Jeanne Siaud Facchin excelle quand il s’agit de donner des clés pour comprendre, expliquer, analyser et maîtriser. Plus spécifiquement son ouvrage destiné aux adultes est des plus limpides. Rien que le titre est formulé pour accrocher l’attention des indécis, de ceux qui s’interrogent sur leur statut. Trop intelligent pour être heureux ? : le simple fait d’utiliser une question, malicieusement, capte la curiosité du HP qui n’arrête pas de s’en poser du reste.
Il tend la main, saisit le livre, en parcourt quelques lignes, saute des pages, saisit d’autres phrases, regarde le sommaire, tout étonné de se reconnaître dans chaque terme, lui qui n’arrive plus à se cerner au quotidien. Du coup il file à la caisse payer le bouquin, rentre chez lui en courant, et dévore les chapitres, un verre d’alcool fort ou/et une boite de kleenex à la main. Car la prise de conscience est rude : soulagement et claque, coup de poing et caresse. Experte en la matière, depuis le temps qu’elle prend en charge des petits zèbres, JSF sait utiliser les bonnes expressions pour enclencher un processus irréversible : celui de l’acceptation, de la maîtrise, de la plénitude.
A lire donc, pour les surdoués qui s’ignorent mais vont très vite s’y retrouver, mais également pour les parents, les conjoints, les amis, les enfants aussi … histoire d’en savoir plus, de remettre de l’ordre et du sens, de ne plus culpabiliser, de s’apercevoir qu’on n’est pas tout seul, et que finalement on est tout à fait normal et à même de vivre sa vie dans un doux ronron. Si c’est pas malheureux …
Et plus si affinités
http://www.odilejacob.fr/catalogue/psychologie/developpement-personnel/trop-intelligent-pour-etre-heureux-_9782738120878.php
