Jonquet, Fajardi, Cornwell, Highsmith, … le polar, de par les racines culturelles de son auteur, prendra une couleur, une odeur, un tempo différents. Meurtre, enquête, péripéties, suspens, dénouement, étude de caractère, plongée au cœur des maux de la société, … si les ingrédients sont les mêmes, la manière de les mêler diverge de pays à pays. La preuve avec Le vent apportera la mort.
Une intrigue germanique signée Ole Kristiansen
Après le polar à la française, le thriller anglo-saxon, après la vague nordique, nous voici en présence d’une intrigue germanique signée Ole Kristiansen. Résumons le propos du roman Le vent apportera la mort en quelques mots, sans en déflorer le mystère : Julia est une jeune femme superbe, blonde, grande, qui cache ses traumatismes sous une froideur calculatrice de façade. Cette façade va se décomposer lorsqu’elle met le pied dans le village reculé de Odisworth, dont elle doit convaincre les habitants d’accepter son projet de parc à éoliennes.
Un tueur en série passionné de poupées
Une offre alléchante, qui sortirait ce petit monde de l’anonymat pour l’ouvrir au développement et au progrès. Sauf que la population n’a aucune envie de sortir de cet état, paravent bien commode pour y planquer nombre de scandales étouffés. À Odisworth, on règle ses comptes entre gens de bonne moralité, en comité restreint, et de façon expéditive. En faisant fi des lois du pays pour n’appliquer que celle du microcosme. Schéma classique, l’arrivée de la superbe demoiselle et de son projet d’envergure va perturber cette organisation de l’ombre et mettre à jour des secrets peu reluisants. Parmi eux, un tueur en série passionné de poupées. Blondes. Et grandes.
Ellipse et prétérition
Je n’en dis pas plus, sinon que, si le livre souffre de quelques maladresses de traduction, il vaut par son rythme lent, étouffant, une volonté affichée de jouer sur l’ellipse et la prétérition, principalement dans les descriptions des meurtres et des sévices. Ces derniers sont volontairement édulcorés par l’auteur qui ne s’appuie que sur des détails significatifs de l’horreur subie, ce qui provoque un effet fulgurant sur l’imagination. Une construction à rebours intéressante et surprenante, une conclusion brutale et sauvage : par cette approche singulière, cette écriture ancrée dans une culture propose une une vision déterminée de la vie et du monde.
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