Après tant d’années, on peine encore à déterminer la mécanique à l’œuvre derrière l’un des meurtres les plus retentissants de l’histoire du XXᵉ siècle. Le 22 novembre 1963, à 12 h 30 précise, alors que la décapotable Lincoln Continental du président JFK pénètre sur Dealey Plaza au cœur de Dallas, plusieurs tirs résonnent. John Fitzgerald Kennedy, gravement blessé, est emporté au Parkland Hospital dans une atmosphère de chaos indescriptible. À 13 h, l’équipe de réanimation, impuissante, prononce le décès, annoncé officiellement à la presse à 13 h 33. 1 heure : il aura fallu 1 heure pour que le destin de JFK soit scellé, le faisant entrer de sanglante manière dans la légende. Car à partir de là, le mystère s’enracine. Un mystère qui a fait couler beaucoup d’encre.
Une marche à la mort
La bibliographie consacrée à cette journée sanglante est conséquente : des dizaines d’ouvrages ressassent les ultimes instants du charismatique JFK, sa montée au martyre minute après minute, heure après heure. Un peu comme une tragédie shakespearienne, l’idée est d’autopsier le cheminement vers l’inéluctable.
Et de pointer du doigt tous ces moments où JFK aurait pu échapper à son sort funeste. Mais les forces divines, la fatalité en ont décidé autrement. Un peu comme on détaillerait les douze stations du chemin de croix, la marche à la mort de Kennedy est ponctuée d’anecdotes, de rencontres, de salutations, d’échanges.
Par-delà les images
Il y a l’avant, il y a le pendant, il y a l’après : l’atmosphère apocalyptique qui suit la sidération, le blessé déjà mourant emporté jusqu’à Parkland par des gardes du corps complètement perdus, sécurité du président, police, militaires s’affrontant autour de la dépouille pour savoir qui se chargera de l’autopsie et où elle aura lieu.
Pendant ce temps, on s’assure de la sécurité de Lyndon B. Johnson, vice-président propulsé par la force des choses au rang de président des USA. On a en tête les photographies, les extraits d’actualités télévisées, les films, mais par-delà les images, il y a des réalités, le pouvoir laissé sans dirigeants, la peur d’un coup d’État, les enjeux qui s’accumulent, l’urgence.
Un mystère impénétrable
Et en embuscade qui ne va pas tarder à s’imposer en première ligne et pour très longtemps : qui, pourquoi, comment ? Officiellement, c’est Lee Harvey Oswald qu’on décrète coupable. Exécuté devant les caméras du monde entier par Jack Ruby, il ne pourra pas s’expliquer. Reste un mystère impénétrable que tous tentent encore de percer.
Depuis lors, on n’en finit plus d’analyser documents, témoignages et archives, tandis que des preuves remontent toujours à la surface, au fil des déclassifications. Les rapports s’accumulent, contradictoires, alimentant les théories, les versions, les thèses. Comment s’y retrouver ? En croisant les récits ?
Un premier tri ?
Biographies, enquêtes, mémoires, romans… Il y en a tant (la liste établie par le site Babelio ne laisse apparaître qu’une infime partie d’un immense iceberg). Un premier tri ? Notre attention a porté sur ces ouvrages, pour vous faire une première opinion, que nous vous invitons à enrichir en parcourant ensuite d’autres ouvrages (dernier en date Le deuxième tireur de Cédric Meletta qui, à la lumière de nouveaux éléments, met en évidence le nom d’un potentiel suspect d’origine française).
- JFK, le dernier jour – François Forestier – Albin Michel – 2013
- L’assassinat de John F. Kennedy – Histoire d’un mystère d’État – Thierry Lentz – Nouveau Monde Editions – 2013
- On a tiré sur le président – Philippe Labro – Gallimard – 2013
- JFK autopsie d’un crime d’État – William Reymond – Flammarion – 2004
- JFK Le dernier témoin – William Reymond et Billie Sol Estes – Flammarion – 2003
- JFK – Affaire non classée – Jim Garrisson – J’ai lu – 2001
Saisir une atmosphère
Ils sont écrits ou traduits en français, relativement récents pour certains, fondateurs pour d’autres (la célèbre enquête de Jim Garrisson qui inspirera le film culte JFK d’Oliver Stone), et centrés sur le meurtre en lui-même, la marche à la mort que nous évoquions plus haut. Tous posent les questions qui fâchent : qui, pourquoi, comment ? Objectifs :
- démonter les conclusions pour le moins douteuses de la commission Warren ;
- faire le point sur ce qui est avéré, certain, concret ;
- évoquer de possibles pistes.
Mais ce n’est pas tout : chacun de ces récits, à sa manière et avec son style, son rythme, son identité, donne à ressentir une atmosphère, un contexte. Au travers de ces pages, nous replongeons dans une époque avec ses réalités, ses enjeux, ses défis, ses limites et ses possibilités. Ses conflits et ses partis pris aussi. Kennedy n’était pas si aimé que cela, bien au contraire. Ils étaient nombreux à lui en vouloir pour différentes raisons.
Chacune de ces enquêtes revient sur cette animosité, ainsi que sur la déflagration consécutive au meurtre, la totale perte de repères, la panique, l’angoisse, la colère. Car la mort de Kennedy fut pour tous.tes une tragédie, par son aspect, mais aussi par ses conséquences. Et le fait qu’elle soit aujourd’hui encore opaque et indistincte est inacceptable.