Retour sur le phénomène télévisuel Mindhunter … et l’homme qui en a inspiré l’intrigue. La série propulsée par David Fincher s’enracine dans l’ouvrage du même nom, rédigé par l’agent spécial du FBI John Douglas flanqué de son acolyte rédactionnel Mark Olshaker. Édité en 1995, récemment republié en traduction française aux éditions Michel Lafon après avoir longtemps été diffusé par les éditions du Rocher sous le titre Agent spécial du FBI – J’ai traqué des tueurs en série, ce récit est complété par d’autres récits, notamment Agent spécial du FBI – Enquêtes sur les serial killers et Affaires non classées – De Jack L’Eventreur au Dahlia noir.
Une triade qu’il convient de parcourir avec attention pour dépasser le cadre de la série, et se plonger dans le cheminement intellectuel que Douglas a dû parcourir pour comprendre ceux qu’il traquait. Dans ces pages, il en restitue la genèse, avec précision et sans fard, évoquant en parallèle les interrogatoires effectués, le retour sur des affaires criminelles historiques, le travail d’analyse consécutif … et sa manière d’appréhender une logique bien au-delà de la perversion, quitte à en souffrir dans son équilibre.
Autant d’éléments que la série de Fincher et les autres fictions que cette légende vivante a inspirées ne peuvent traduire, car il y manquera toujours la rigueur de l’enquêteur, son verbe direct et sans fioriture, sa droiture morale, son intransigeance … et sa passion. Car le père du profilage, le fondateur du VICAP a adoré chacun de ces instants maudits, conscient d’apporter sa contribution dans la mise en place d’outils d’enquête absolument vitaux pour la protection de ses concitoyens.
De chapitre en chapitre, de livre en livre, c’est une histoire de la violence à l’américaine qui s’enchaîne sous nos yeux, tandis qu’il revient sur des dossiers brûlants comme l’affaire O.J. Simpson, le mystère du Dahlia noir … ou des crimes beaucoup moins connus mais tout aussi sordides qui tous réveillent son indignation, sa colère sans jamais entamer la distance de son raisonnement … et illustrent l’histoire sombre de l’humanité.
L’ensemble est à lire avec mesure, pour comprendre la construction d’une analyse, la mise en place d’une méthode, d’une base de données fondée sur l’observation patiente et la comparaison synthétique, qui débouche sur une classification, des modes d’appréhension de la scène de crime, tandis qu’évoluent les sciences médico-légales, atout supplémentaire dans la traque de ces tueurs énigmatiques et redoutables. On appréciera notamment les parties dédiées à la victimologie qui éclairent d’un genre nouveau la logique de l’enquête en étudiant le profil des personnes assassinées pour mieux saisir le profil de leur assassin.
Les pratiques mises en place par John Douglas en son temps sont aujourd’hui inscrites dans la formation de tout policier qui se respecte et cela en dehors du pays. Ce ne fut pas toujours le cas, loin de là. Et on mesure ici combien son apport fut déterminant et concret, compréhensible et pertinent. Autant de paramètres qui font plus pour sa célébrité que tous les films du monde.
Et plus si affinités
http://www.michel-lafon.fr/livre/1930-Mindhunter_Agent_special_du_FBI.html