Manon Lescaut : ce roman n’est pas seulement une lecture obligée pour les lycéens préparant leur bac, c’est une véritable pépite de la littérature française. Publié en 1731 par l’Abbé Prévost, ce chef-d’œuvre ancré dans la première partie du siècle des Lumières a traversé les siècles sans perdre une once de son éclat. Histoire d’amour et de déchéance, tragédie psychologique, plongée dans un univers marginal, ce tourbillon émotionnel possède différentes facettes qui font sa singularité.
Une passion tumultueuse
Posons le cadre : Des Grieux, jeune noble destiné à entrer dans les ordres, tombe éperdument amoureux de Manon Lescaut, une toute jeune fille d’une beauté envoûtante et d’un caractère pour le moins complexe. Leur passion, tumultueuse et semée d’embûches, va conduire le jeune garçon aux pires extrémités. Joueur, tricheur, voleur, assassin, il fera tout pour préserver sa relation avec une Manon pourtant bien légère, prompte à séduire, à trahir, à abandonner. Ensemble, ils connaîtront bien des revers, fuyant jusqu’en Louisiane où se scellera leur tragique destinée.
Un roman à plusieurs facettes
Une histoire d’amour intense et déchirante : ce roman n’aurait pas lieu d’être sans cette relation enflammée qui brûle tout sur son passage. Cet amour sans compromis, qui défie les conventions et les lois, rappelle que les passions humaines sont universelles, intemporelles, et que personne ne peut y échapper. Mais Manon Lescaut, c’est aussi un roman d’aventures, pour ne pas dire un roman picaresque. Les deux amants vont connaître bien des revers, perdant leur argent, connaissant la prison, s’évadant, forcés à l’exil. À chaque chapitre, une nouvelle épreuve à surmonter. Les paysages changent, les dangers se multiplient, mais toujours Des Grieux doit affronter le sort pour conserver sa chère Manon.
Des Grieux : une énigme psychologique
Des Grieux justement : narrateur désespéré d’un amour mort, il occupe la place centrale du livre, tandis que l’auteur donne à voir sa folie passionnelle, sa lente déchéance. Cette plongée dans les méandres d’une âme humaine aussi ardente que pitoyable, dévoile des dilemmes moraux douloureux, des réflexions à la fois profondes et torturées sur le destin et la faiblesse d’âme. Si Manon est un modèle d’ambiguïté, à la fois victime et manipulatrice, fragile et forte, Des Grieux est un héros de roman d’apprentissage avant l’heure, une sorte de Frédéric Moreau du XVIIIᵉ siècle, voué à l’échec, grandi par la perception de sa chute.
Un reflet de l’auteur ?
Difficile de ne pas percevoir dans les traits de ce jeune héros l’ombre d’un auteur qui a lui-même vécu une vie pour le moins décousue. Moine défroqué, soldat, écrivain, l’abbé Prévost a constamment hésité entre la vie monacale et les plaisirs de la séduction. Son existence, aussi mouvementée que celle de ses personnages, a été marquée par l’errance et les passions dévorantes qui transparaissent dans ses écrits, ce qui apporte un petit côté vivant et crédible à son récit. La dualité de Des Grieux, tiraillé entre raison et passion, vertu et vice, à la fois grand de cœur et prompt au mensonge et à la manipulation, se teinte alors de récit autobiographique, avec en perspective une invitation à la méditation pour chaque lecteur.
Une lecture télévisuelle fidèle
Récit à multiples facettes, mêlant aventure, amour et introspection psychologique, Manon Lescaut a maintes fois été adapté à l’écran, avec plus ou moins de liberté de ton. Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut, en reprenant le titre initial du livre, propose une lecture télévisuelle d’une rare fidélité et dans les péripéties relatées et dans le ton adopté. Tourné en 1978 par Jean Delannoy avec une Fanny Cottençon troublante de candeur et un Franck Cabot-David vibrant de passion et de fragilité, la série n’a rien perdu de son charme ni de sa justesse. Peut-être est-ce dû à la plume de Jean Anouilh qui signe là une adaptation scénaristique particulièrement réussie ?
Et plus si affinités ?
Vous avez des envies de culture ? Cet article vous a plu ?
Vous désirez soutenir l’action de The ARTchemists ?