Pas pour rien que le livre de François Forestier commence par une citation du bouquin de James Ellroy! Marilyn et JFK, en revenant sur la sulfureuse liaison de l’actrice et du président, s’engage résolument dans la voie tracée par le romancier américain, en lui substituant une approche biographique qui découle sur un tableau peu reluisant des USA au temps des 60’s.
Sacrifice de monstres sacrés
Le ton est vif, pour ne pas dire rude, afin de dépeindre l’évolution de ces deux monstres sacrés sacrifiés sur l’autel de la pop culture. Marilyn y apparaît comme une demi-folle, négligée, manipulatrice, capricieuse et profondément désaxée ; JFK y est dépeint comme un baiseur impénitent, grossier, imbu de lui-même et du clan dont il est le rejeton.
Forcément, leurs routes se croisent, d’abord un plan cul, puis un début de romance, éradiquée quand la belle commence à prendre la grosse tête, à vouloir prendre la place de Jackie la délaissée. Derrière le suicide, même pas, une overdose qui tourne mal, puis l’assassinat, plus une revanche de la mafia qu’un grand complot politique. Entre les deux une course poursuite au plaisir, à la célébrité, au pouvoir, au fric…
Ambiance nauséabonde
Et toute une farandole triste de personnages secondaires, qui s’espionnent et se déchirent sur fond de Guerre froide et de chasse aux rouges. Pathétique ! Chaque ligne de ce récit ubuesque fait frémir, quand on perçoit la bassesse de ces figures jusqu’ici dépeintes comme des icônes. Pour le coup, François Forestier met son talent de chroniqueur au service d’une véritable entreprise de démolition qui laisse le lecteur édifié et sans voix.
C’est que les anecdotes salées ne manquent pas dans ces pages, qui en disent long sur une ambiance nauséabonde, sur la vérité de ces êtres humains rongés par des appétits de puissance qu’ils ont bien du mal à assumer. Pour un peu, on assisterait à l’accouplement de Zola et de Shakespeare, le tout sous l’œil retors d’un James Ellroy particulièrement satisfait d’une décomposition qui alimente sa verve.
Ces quelque 280 pages se dévorent d’une traite jusqu’au haut le cœur, dans un rythme trépidant qui alterne les épisodes, passe d’un protagoniste à l’autre dans une superposition des événements quasi vertigineuse. Les mythes implosent, il ne demeure que des décombres … et une vision sinon plus juste, du moins plus réaliste d’un système qu’on jugerait grotesque s’il n’avait fait tant de mal.
Et plus si affinités