Amateurs d’art de vivre à la française, adeptes du siècle des Lumières, curieux de belles choses, faufilons-nous dans les salles du Musée Cognacq-Jay, pour en découvrir les trésors. Ce fonds d’œuvres, de meubles et d’accessoires d’exception a été constitué puis légué à l’aube des années 30 à la ville de Paris par Ernest Cognacq et son épouse Marie-Louise Jay, heureux fondateurs des magasins de La Samaritaine.
L’intimité du siècle des Lumières
C’est donc une approche de collectionneurs passionnés que nous découvrons pièce après pièce dans les étages de l’hôtel Donon, fleuron architectural du Marais. Dans cet édifice tout en hauteur, les salons à taille humaine, les boiseries chaleureuses et ouvragées, conviennent à ravir pour restituer l’intimité du siècle des Lumières, ce rapprochement émotionnel et intellectuel des êtres qui allait constituer le socle de notre modernité en repensant les rapports entre individus.
Tables de nuit, commodes ornementées, lit somptueux, luminaires élégants, objets de décoration, services de table, meubles et bibelots voisinent avec estampes et tableaux, dont un certain nombre de Boucher, de Quentin Latour, de Fragonard et de Watteau. On appréciera les tabatières et les étuis à cire, témoins d’un raffinement social lié à l’épistolaire et à la conversation. Pendules et porcelaines, bustes sculptés font face aux portraits qui s’affichent comme des affirmations sociales et des émanations de la personnalité telle qu’elle est et non telle qu’elle veut paraître.
À lire également :
Antoinette Poisson : ode à la dominoterie
L’invention du luxe à la française : genèse d’une industrie toujours florissante
Élévation de l’esprit et bien-être des sens
Ces collections, gratuites, mettent en exergue l’extrême élégance d’un art de vivre lié à l’élévation de l’esprit et au bien-être des sens. Ce luxe, témoin du savoir faire des artistes et artisans d’alors, permet de mesurer le niveau de confort d’une classe dominante en pleine expansion. Plus mesurée que les ors d’un Versailles voué à exprimer la toute puissance de la monarchie, l’atmosphère du Musée Cognacq-Jay correspond à celle des sphères de la noblesse de robe, de la haute bourgeoisie d’affaire, qui s’apprêtent alors à prendre le pouvoir.
On en pressent l’avènement dans chaque tableau, chaque objet, chaque meuble exposé, préciosité stylistique certes, mais également revendication d’une réussite, manifestation d’une confiance en l’avenir, conviction assurée de peser dans la balance du présent. C’est toute la subtilité de ces présentations et l’expertise de ce musée que de faire sentir ce changement, cette évolution des mœurs perçue par le prisme des intérieurs, le goût du beau.
Pour en savoir plus et préparer votre visite,
consultez le site du musée Cognacq-Jay.