Le Musée Picasso propose jusqu’au 11 février 2018 une exposition qui a pour titre 1932 et pour sous-titre « Année érotique », comme si les autres années du co-fondateur du cubisme ne l’avaient pas été ou l’avaient été moins.
En réduisant le sujet à l’agenda de l’artiste une année durant, une année, certes, très chargée sur bien des plans – moins qu’on le pense, à notre avis, sur celui de la novation –, en confondant activités artistique et sexuelle (images « cachées » ou suggérées : pénis, testicules, sein phallique, pubis…), la question thématique n’est pas pour autant réglée, tant sont nombreux les motifs abordés par le célèbre Andalou et les stratagèmes pour les représenter. Les tableaux se suivent sans (trop) se ressembler ; les variations autour du visage de Marie-Thérèse Walter alternent avec les baigneuses en tenue nettement plus estivale et avec les expressives crucifixions ; les dessins surréalistes, au sens propre (automatiques et libidinaux : « je voudrais peindre comme un aveugle qui ferait une fesse à tâtons » aurait dit le peintre à son marchand Kahnweiler) ; les eaux fortes, gravures et grands formats cohabitent ; une ou deux sculptures et un collage ont seulement été retenus ; tout a dû être réalisé à un rythme effréné, la charrette de l’expo printanière, galerie Georges Petit, la rétrospective à la Kunsthaus de Zurich et le premier volume de la monographie à paraître chez Christian Zervos l’ayant exigé.
Bien qu’une année, aussi foisonnante fût-elle, ne puisse constituer à elle seule une période pour un artiste en ayant vécu ou créé quelques-unes – et ayant connu plusieurs vies, y inclus celle des vaches maigres, ainsi que le lui rappelle Fernande Olivier dans une missive destinée à l’émouvoir –, on est surpris que de la masse exhibée surgissent encore d’incontestables chefs-d’œuvre – Le Rêve en est un, non des moindres. De l’amalgame entre le désir et le travail pictural et de l’osmose entre « sexualité et créativité » destinés, sans doute aussi, à titiller le visiteur potentiel, les commissaires Laurence Madeline et Virginie Perdrisot-Cassan passent à la relation entre la vie du peintre et sa production ; ils citent une de ses formules visant à banaliser son art et à sublimer l’acte au quotidien : « l’œuvre que l’on fait est une façon de tenir son journal ». Les 110 tableaux, gravures et œuvres en 3D, les archives d’époque permettent non pas de faire le tour du propriétaire dans ses demeures de la rue de la Boétie ou de Boisgeloup, non pas d’entrer dans son atelier, comme nous avions pu le faire au cours de la rétrospective Georges Braque au Grand Palais, mais de tenter de le suivre dans le temps et le tempo vif propres à Picasso.
Et plus si affinités
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