Une trouvaille dans le sillage du très orléanais Hop Pop Hop 2023 (eh oui, les festivals, ça sert aussi à ça) : Decius nous arrive dans la gueule à la vitesse d’un X-wing pourchassé par un T-Rex intergalactique rose fluo. C’est un peu le ressenti. Pink, perché et dévorant.
Acid house tétanisante
Decius donc, empereur romain resté dans les mémoires pour avoir persécuté les chrétiens dans faire de détail avant de mourir sur le champ de bataille face aux Goths. On ne choisit jamais un nom de groupe par hasard. Aux origines du projet : Lias Saoudi from Fat White Family, la fratrie May de Trashmouth records et Quinn Whalley échappé de Warmduscher. Le quatuor accouche d’une électro coup de poing, tétanisante acid house matinée de techno ravageuse.
Écoutez « Look like a man », « Macbeth », « House of Con-Fu-Sion », « Gay futures »l’intégralité des EP Masculine Encounter, Rupture boutique, Bread & Butter: il y a de quoi bien s’étourdir les tympans. Le groupe est pour le moins prolixe, assénant ses beats comme un chevalier médiéval, sa masse d’arme, sa hache à double tranchant. Pas de quartier ! Le projet est ultra-queer pour sûr, pour autant bien couillu. Le tout s’avère foutrement efficace, méchamment virulent, déconstruit et orgiaque. J’insiste : car le côté très cohérent de la décadence assumée s’affirme en live.
Un show convulsif
Inspiré par Marc Almond, Lux Interior et Pierre Molinier, Lias Saoudi aborde la scène en slip à paillettes noir (quand il n’est pas en couches culotte), faux cils et rouge à lèvres pour un show sexy en diable, convulsif, hypnotique. Une transe. Venu exprès de Londres pour rallier la ville de Jeanne d’Arc, la Decius team investit la scène de l’Évêché (soit celle qui se trouve pratiquement aux portes de la cathédrale d’Orléans, dans le jardin attenant) à l’heure où les sorcières s’accouplent avec les démons, déclenchant une véritable bacchanale.
Ironie du sort et de la programmation, volonté délibérée de choquer ? Décalé, décadent, dérangeant, le live de Decius et aussi sacrément enivrant, il faut bien le confesser. De quoi faire frémir d’horreur les bien pensants, déclencher un exorcisme public ! «Paradise is what you’re looking for» : reste à savoir ce qu’on est prêt à faire pour y parvenir. Tentateur, Saoudi et ses sbires savent, la preuve par le live, comment nous faire sombrer sans même que nous ayons le temps de réagir. Le pire ? Ils adorent ça, et nous aussi.
Et plus si affinités
Pour explorer l’univers musical de Decius, consultez le site web du groupe, son Bandcamp ainsi que son Soundcloud.