22 novembre 1963 – 12 h 30 : le président Kennedy est frappé d’une balle en pleine tête. Une heure plus tard, déclaré mort, il est mis en bière pour être rapatrié à la Maison-Blanche et inhumé en grandes pompes, tandis que son successeur Lyndon Johnson s’empresse de prononcer son serment.
Une approche humaine
En une heure, le destin de cet homme emblématique bascule ainsi que celui de sa famille et de son pays. 50 ans plus tard, on n’en finit plus de se souvenir, d’analyser, le mystère, de tenter de comprendre. Films, livres, feuilletons, documentaires, … l’assassinat de JFK a alimenté les imaginations. Et cet anniversaire bien sûr n’a fait qu’accentuer le questionnement.
Qu’est-ce que Dallas, une journée particulière, le documentaire de Patrick Jeudy, apporte de plus ? Un aspect humain, une approche concentrée sur le regard des proches, des témoins, Jackie l’épouse éclaboussée de sang, Bob Kennedy le frère rongé de culpabilité, mais aussi les autres membres de la famille, les employés et conseillers, les gardes du corps, … les journalistes et les quidams aussi.
Une tragédie grecque ?
Autant d’individus qui vécurent la tragédie de l’intérieur, et en prirent leur part. Dans une atmosphère de chaos, au cœur d’un tsunami d’informations contradictoires, c’est à une tragédie grecque qu’on assiste, un drame shakespearien. On demeure frappé par la rapidité incroyable et implacable de cette mécanique : tout se joue en une heure. Faut-il y voir la main du destin ?
Il n’y a pas de Kennedy heureux élargit le champ d’investigation à l’ensemble du clan et des malheurs qu’il dut subir. Sorti en 2010, soit trois ans avant l’autre documentaire, il convient pourtant de le voir après, car on saisit mieux la progression du réalisateur et son propos : démonter la mécanique d’une malédiction pour en dévoiler les racines, ici l’ambition dévastatrice d’un patriarche, le poids d’une éducation, l’omerta d’une tribu, l’impossible désir de perfection.
Le film est conçu du point de vue des enfants de la famille, qui vécurent ces drames sans jamais qu’on les leur explique, restant seuls avec leurs questions, construisant avec leurs peurs les drames de l’avenir. Un gâchis incroyable raconté par leurs nurses, mamans de substitution totalement impuissantes à protéger ces petits du sacrifice qui les attendait inexorablement. Avec cet angle d’attaque, Patrick Jeudy rappelle que l’Histoire est avant tout l’affaire des êtres humains qui la font ou la subissent.
Et plus si affinités