Les vacances, c’est fait pour ne rien faire, se poser au chaud avec son thé, ses gâteaux, son chat et son tricot devant un bon vieux film des familles, histoire de revoir ses classiques. Et des bons classiques il y en a ! Parmi eux l’excellent Nana, qui n’a rien perdu de sa superbe même s’il date de 1955 !
Librement inspirée du roman de Zola, cette version signée Christian-Jaque prime par son rythme, sa folie, et une perception enjouée de l’héroïne interprétée avec fougue par la dynamique Martine Carol. Nous voici replongés dans les tourbillons du Second Empire finissant, entre folie financière, théâtre racoleur et empire du vice.
Un vice gentillet certes mais que le réalisateur sait retranscrire avec pertinence et un maître mot : l’argent. Si l’on doutait de la vénalité du XIXeme siècle, la fresque de Christian Jaque met les choses aux points, rappelant ainsi le propos de Zola. Tout se négocie dans le Paris de Napoléon III y compris et surtout l’amour.
Pas avec un grand A, bien sûr nous parlons ici de sexe, de débauche, de fric qu’on dilapide en fadaises, en bijoux, en robes, en meubles, en palais, en soirées … Nana coûte cher, elle le sait et en profite. Personne dans ses amants pour dire non à ce magnifique trophée qu’on s’arrache avec violence et aveuglement, qu’on promène à son bras comme une victoire.
Un bel objet idiot certes mais resplendissant, que les autres n’auront pas tant qu’ils n’y mettront pas le prix. Parmi ces amants transis qui se font happés, Muffat, comte d’empire pétri de religion, qui tombe éperdument amoureux de cette garce facile, un Muffat de toute beauté, Charles Boyer en majesté, troublé, beau ténébreux, jaloux, investi, qui détruit tout pour cette idiote.
Leur drame se déroule dans une opulence de décors kitch et de costumes superbes, crinolines, velours et plumes, rehaussés par le cliquant du technicolor, la musique passionnelle de Georges Van Parys. Et un casting particulièrement investi, Dora Doll, Jacques Castelot, Noël Roquevert, Paul Frankeur, Marguerite Pierry … bref tout une troupe qui rappelle la qualité, l’originalité et la franchise du cinéma français d’alors.