Deuxième temps fort des 35 ans de Longueur d’Ondes au Pan piper : No One Is Innocent déboule sur scène pour une heure trente de show ultra énergique comme la bande de Kemar sait si bien le faire. Si en première partie la Pietà avait illustré le travail de repérage de talents opéré par Beyer et ses rédacteurs jusque dans le borderline, la présence de No one prouve le flair à long terme de LO, puisque le combo rock n’en finit plus d’écumer les scènes depuis trois décennies avec le succès et l’engagement que l’on sait.
Pas la première fois du reste que nous chroniquons les exploits des No one, albums, concerts, ils reviennent en boucle dans nos articles comme un fil directeur, un exemple à suivre en matière de militantisme dans un paysage musical qui se veut souvent trop consensuel. Ici et une fois de plus, pas de quartier : la set list débute avec « Djihad propaganda », se termine sur « Charlie » avec entre les deux les incontournables « La peau » ou « Drugs » traditionnel moment de délire où la foule monte sur scène s’éclater avec les boys dans un joyeux foutoir.
On ne change pas une recette aussi élaborée et porteuse. Ite pogo est, tandis que ça slame avec ferveur dans le public. Kemar monté sur ressort, Shanka l’homme à la guitare enchantée, trafiquée jusqu’au micro où il hurle les paroles révolutionnaires, Bertrand à la basse, Gael à la batterie, Popy à la gratte rythmique … des potes en somme, qui déconnent avec un public fidèle, qui serrent les pognes et font des bisous, vont dire merci et au revoir une fois le live terminé. Et ce n’est pas parce que c’est une soirée LO, partout ils traient avec eux ce sourire éclatant, ce bonheur partagé.
Néanmoins ce samedi 10 juin au soir, ils sont clairs : « on a de la mémoire ! » clame Kemar entre deux couplets. Loyaux et reconnaissants, toujours ils ont été là pour la team qui les a découverts aux Francos. La mémoire : ils en ont donc, et ils l’incarnent. La mémoire des génocides, des massacres, de la torture, du fanatisme, … Kemar et ses gars abordent chaque concert comme un secouage de méninges en règle, un électrochoc du souvenir aussi intense qu’un film de Costa Gavras. Les mots sont simples, nets, concis, les formules coup de poing : pas de chichi, pas de pitié, pas de compassion, de l’action.
Avec toujours en ligne de mire le fascisme, à redabioliser d’urgence au lendemain d’une élection où d’aucuns ont été très sibyllins sur le sujet ; du coup les choses sont redites : « la jeunesse emmerde le Front National ! » entonnent Kemar et ses lieutenants pour accentuer leur propos, reprenant la punchline consacrée par les Bérus. Fidèle au poste, comptez sur les No one pour ne jamais fermer leur gueule et savoir faire passer le message aux générations futures, présentes dans la salle et pas en reste en matière de motivation. Nous ressortons de là échevelés, courbaturés et heureux : car outre le partage de mémoire, Les No one font dans le transfert d’énergie et ça ils n’en manquent pas non plus.
Photographies : Delphine Neimon et Benjamin Getenet
Et plus si affinités