Le Don Giovanni de Mozart entre une comédie de Federico Fellini et un film d’horreur de Lucio Fulci : voici l’étonnant croisement opéré par le metteur en scène Jonathan Kent. Et très sincèrement ça se goupille à la perfection ou presque.
Don Giovanni ou Marcello Mastroianni ?
Chose rare, car Dieu sait si on lui en a fait voir, au héros de Molière revisité par le compositeur de La Flûte enchantée. Toutes les audaces, toutes les permissivités imaginatives sont de mise pour relire les exploits du célèbre séducteur. Malheureusement cela ne fait pas mouche à tous les coups, loin s’en faut.
C’est donc avec un bonheur décuplé que votre humble servante découvre la version que Kent a élaboré pour le festival de Glyndenbourne en 2010.La Dolce Vita, Le Pigeon, Le Voleur de Bicyclette, … selon le livret nous sommes en Espagne mais le décor suggère une rue de Rome, les murs d’un palazzo, ses portes cochères, ses salles décorées de fresques, envahies d’une foule de fêtards parmi lequel Don Giovanni évolue tel Marcello Mastroianni dans 8 et demi.
Humour grinçant et Mariage à l’italienne
Costumes fin 50’s, actrices coiffées à la Mangano, Leporello pareil à Vittorio Gassman dans Le Fanfaron, nous évoluons dans un humour grinçant digne de Mariage à l’italienne …Jusqu’à ce que le destin rattrape l’impénitent séducteur arraché au monde par les bras puissants et impitoyables du Commandeur, revenu d’entre les morts comme l’un des zombis de Lucio Fulci.
Le basculement s’opère au moment où Don Giovanni est démasqué : son monde s’écroule, même s’il demeure un Don jusqu’au bout, dans une allusion évidente au monde mafieux.C’est un véritable régal à voir, à écouter, dans un ensemble drôle et angoissant à la fois qui éclaire l’opéra de Mozart d’un jour nouveau, démontrant une fois de plus son universalité. N’en faites pas l’impasse, car cette lecture intelligente est d’une rare fraîcheur.
Et plus si affinités
https://www.medici.tv/fr/operas/don-giovanni-vladimir-jurowski-glyndebourne/
