Mort misérable et déchu dans un hôtel miteux de Paris, Oscar Wilde repose depuis 1900 dans une tombe du Père-Lachaise. Ultime élégance financée par une admiratrice, le mausolée imposant sculpté ultérieurement par l’américain Jacob Epstein s’intitule Flying Demon Angel : une déité inspirée des taureaux assyriens et dont les parties génitales exhibées résument l’antagonisme de l’auteur, pris entre la beauté du langage poétique et les affres de l’existence corporelle. Cet antagonisme, l’exposition proposée par le Petit Palais tente de le dépasser en recomposant la carrière de l’écrivain à la lumière de ses relations fortes avec la communauté artistique parisienne.
Wilde était francophone et francophile. Il a fréquenté Verlaine, Hugo, Mallarmé, Gide, écrit la pièce Salomé dans la langue de Molière. Soutien inconditionnel du mouvement esthétique, il tourne le dos à l’académisme pour regarder vers de nouveaux horizons créatifs, tissés de rêves et de symboles, d’une fantaisie infinie, de cauchemars également et de chimères mêlés. Photographié, peint, le père du Portrait de Dorian Gray ne fut pourtant jamais attiré par la représentation picturale de l’individu. Surprenant de la part de ce dandy émérite, dont on évoque ici plusieurs facettes des plus éclairantes.
Ses années d’initiation le conduisent de Dublin jusqu’à Londres, en passant par l’université d’Oxford. C’est par la critique d’art qu’il est révélé au public, et ses goûts ainsi mis en exergue en disent long sur son univers mental, ses attirances artistiques, son imaginaire. En abordant la manière dont il a défendu la position de la Grosvenor Gallery, on découvre la façon dont il a exercé son œil, les créations qui lui parlent, le touchent, les temps forts de son succès et de sa chute : conférences dans une Amérique qui lui tend les bras, retour en Europe où il navigue entre Londres et Paris, grandes créations littéraires, gestation et devenir de Salomé, procès, prison, exil et décès, …
L’exposition commissionnée par Dominique Morel, conservateur en chef au Petit Palais, et Merlin Holland, conseiller scientifique, fait le lien entre vie intime et vie littéraire sans jouer la carte trop souvent utilisée du sulfureux. Si elle n’apporte guère aux passionnés, elle demeure une amorce éclairante pour les curieux comme les amateurs, permettant ainsi que resituer Wilde dans un environnement créatif européen et mondial des plus prolixes, où l’on comprend mieux les causes de sa modernité et de son aura.
Et plus si affinités