À tous les petits lecteurs lassés par la mochitude profonde de la vie moderne, le blabla flatline bis repetita des réseaux sociaux, le martellement des news spectaculo-morbides, la hausse indéniable du coût de la vie, vous désirez échapper un instant à ce cloaque ? Visionnez La Périchole revisitée par Laurent Pelly et Marc Minkowsky et plongez-vous dans une pure frénésie d’énergie positive, avec à la clé une véritable révélation : Offenbach was a rock’n’rolla !!!
Une histoire d’amour contrarié
Octobre 1868 : Offenbach, flanqué de ses deux porte-flingues et librettistes favoris, Meilhac et halévy, accouche d’une nouvelle opérette, sur les planches du théâtre des Variétés. Une histoire d’amour contrarié bien troussée qui nous conduit dans les rues de Lima, où La Périchole flanquée de son Piquillo, chante dans les rues pour gagner sa modeste pitance. Jusqu’au jour où le vice-roi du Pérou croise la route de la belle dont il s’amourache. Éprise de son petit chanteur, La Périchole décide néanmoins de suivre le monarque car elle n’en peut plus de crever de faim. Et elle voit là l’occasion de creuser son trou socialement et d’en faire profiter son brigand. Sauf que les choses en vont pas se passer forcément comme le voudrait la belle.
Le plein d’airs cultes
Quiproquos, courses poursuites, mariages arrangés, le compositeur de La Belle Hélène et La Vie parisienne aime les intrigues complexes sur lesquelles il peut broder des mélodies travaillées tout en faisant rire son public. Ici, il trouve une nouvelle occasion de faire mouche. Inspirée par une comédie de Mérimée, La Périchole complète le répertoire déjà très riche du porte-drapeau de l’opéra bouffe made in France avec une touche péruvienne particulièrement enlevée, et le plein d’airs qui deviendront cultes : « L’Espagnol et la jeune Indienne », « Le muletier et la jeune personne », La lettre de la Périchole,« Les femmes, il n’y a qu’ça », « Ah ! que les hommes sont bêtes ! », le Rondo des maris, « Tu n’es pas beau, tu n’es pas riche ».
Punks à chien
Dit comme ça, cela ne vous évoque peut-être rien, mais à l’oreille vous reconnaîtrez forcément un de ces airs. C’est justement la particularité de ce diable d’Offenbach que de produire du hit en série, des compos enlevées qui restent en tête, qui jonglent encore et toujours avec nos petits cœurs, nous faisant hurler de rire ou roucouler d’émotion. C’est son côté rock’n’rolla, que le binôme Laurent Pelly à la mise en scène / Marc Minkowsky à la direction d’orchestre réveillent une fois de plus avec une mise en scène pour le moins moderne. Nous voici dans le Pérou d’aujourd’hui, La Périchole et son Piquillo sont devenus des punks à chien, le vice-roi ressemble à un pseudo-Pinochet, sa Cour est saturée de bombasses instagrameuses.
Deux heures de folie
Et tout est à l’encan. Et cela passe crème ! Un pur bonheur que ces deux heures de folie, dont les dialogues ont été mis au goût du jour avec beaucoup de vigueur par Agathe Mélinand, et que le trio
Marina Viotti (venue entre autres du métal et ça se sent dans l’attaque) / Stanislas de Barbeyrac / Laurent Naouri porte avec une ferveur contagieuse. Contagieuse, : le mot est faible. Sur scène, c’est une dinguerie digne des concerts rock les plus frénétiques. La séquence du mariage devrait vous rester en mémoire, notamment le pogo final, échevelé, emporté par la cadence infernale d’un Offenbach galvanisé, enthousiaste, et toujours bien d’actualité ! Bref, ne loupez pas ce spectacle sidérant, ne serait-ce que pour vous préserver votre santé mentale !
Et plus si affinités