Continuons notre périple au sein des Plateaux de la Briqueterie. Retour en salle, pour la dernière création de Benjamin Bertrand Rafales. Né sous X, Benjamin Bertrand développe une écriture chorégraphique largement inspirée de son autobiographie. En 2014, il avait créé Orages. Un solo où il collaborait déjà avec le plasticien Patrick Laffont. Avec Rafales l’artiste poursuit sa recherche autour de son origine et de son mouvement ondulatoire. Accompagné au plateau de la danseuse Léonore Zurflüh et du créateur sonore Florent Colautti, Benjamin Bertrand développe des états de corps liés à l’ondulation donc, la spirale, la tension musculaire et la vibration.
Au début de la pièce, les corps pratiquement nus des deux danseurs se cherchent, se relient, exultent, vibrent ensemble sans jamais qu’il y ait un réel contact. Et pourtant on sent très fortement que l’un est l’autre, que les corps s’embrassent par un rythme commun, une ondulation commune. Très proches l’un de l’autre, ils sont deux un homme, une femme et pourtant ils ne font qu’un. Personnage polymorphe, créature hermaphrodite, le genre n’importe plus. Le duo est un, puis deux de nouveau. Homme femme, ce sont les différences qui réunissent plus qu’elles ne séparent. Le dialogue se fait dans le mouvement, dans cette tension portée à l’extrême. Les corps se tendent puis entrent en transe dans un pas de deux nécessitant le relâché.
Belle scène qui donne le tournis où le corps de l’un semble s’imbriquer dans le corps de l’autre où l’on ne sait plus quel est le point de départ. Qui de l’œuf ou de la poule ? Qui fait danser l’autre ? Qui initie le mouvement giratoire de l’autre ? Pas de réponse. L’énergie des corps les fait se confondre, l’unité apparaît. A l’image de l’énorme plastique mu par un énorme ventilateur, les danseurs s’élèvent. Traversés par une énergie dont ils sont à la fois les maîtres d’œuvre et les dépositaires, ils voyagent dans des états à la fois troubles et précis. De la répétition, de la tension naissent la confusion puis le relâché, l’abandon n’est pas loin.
Vient alors le temps du contact. Un contact composé, écrit qui prend son sens dans la répétition et le dérèglement qui s’en suit. Rafales est une pièce sombre et troublée à l’image des premières scènes qui se déroulent dans un épais brouillard. Et c’est bien des corps qu’émane petit à petit la lumière. La quête insatiable de soi et son pendant celle de l’autre, est en perpétuel mouvement. Avec en partage l’humanité, les corps se fondent, s’affirment, se repoussent et s’aimantent. Les chemins sont parfois distincts comme pour mieux se retrouver avec « en partage un territoire sensible ».
Benjamin Bertrand développe en effet, un travail sensible où le corps est souvent dénué d’artifice et où la chair et l’organicité créent la matière chorégraphique. Rafales nous entraîne dans cet univers entre autobiographie et fiction. A travers ce spectacle, le spectateur fait l’expérience d’états de corps comme autant d’états émotionnels.
Et plus si affinités